Une diplomatie qui carbure et une économie qui traîne le pas…

L’excédent commercial de l’Algérie est bien parti pour atteindre à la fin de l’année 2022, pas moins de 11 à 12 milliards de dollars !

Les réserves de change du pays pourraient quant à elles osciller entre 46 à 50 milliards de dollars . Deuxième pays en Afrique sur ce tableau après l’Afrique du Sud.

Ces chiffres n’indiquent aucunement le fruit d’une quelconque diversification des exportations mais plutôt la persistance du poids des hydrocarbures dont les cours ont explosé durant cet exercice.

Hors hydrocarbures, on parle officiellement d’un record jamais enregistré en matière d’exportations .En effet l’objectif des 7 milliards de dollars est sur la bonne voie puisque la moitié aurait été touchée pour le premier semestre 2022. Bien sûr,selon les statistiques douanières rendues publiques il y a quelques semaines.

Au milieu de ces chiffres à l’éloquence bien établie, l’odeur persistante du pétrole continue d’interpeller les uns sur le sens d’une politique de diversification de l’économie qui tarde à prendre forme.

En matière de diplomatie et de politique étrangère, de manière générale, la signature de l’Algérie reprend des forces que seuls, les détracteurs chroniques ne sauraient voir.

La voix venant d’Alger trouve bon écho sur cette scène mondiale en proie aux nouvelles turbulences . Dans ce contexte tendu,  l’Algérie a jusqu’ici accumulé de sérieux points d’honneur autour de ses positions à l’international.

Dernier succès en date , cette fraîche reconnaissance validée par le conseil de sécurité de l’ONU pour  les efforts déployés par l’Algérie dans la recherche de la paix au Mali.

Évoluant pourtant dans un environnement géopolitique,  franchement instable de par les tensions aux frontières du pays, l’Algérie impose son discours et gagne l’adhésion du plus grand nombre, sur ses positions traditionnellement connues en rapport avec le Sahara occidental ou encore la question palestinienne.

Sur ce « front» externe, la politique étrangère carbure à plein gaz, comme le montre l’intérêt manifesté en direction des discours d’Alger, par tant de pays qui comptent sur l’échiquier géopolitique.

Sur le « front» interne , par contre, l’impression d’un flottement général sur l’espace économique pèse lourdement , en dépit des bonnes intentions annoncées ou des plans de relance déclarés.

L’exécutif, du moins  une bonne partie qui le compose,  semble évoluer en rangs dispersés et en total déphasage par rapport aux décisions dûment adoptées en conseils des ministres.

Premier point clé qui peine à trouver réponse ou du moins un  traitement réel , cette réforme bancaire plusieurs fois annoncée « imminente» et «incontournable».

Pourtant c’est cette audace financière qui manque cruellement sur le terrain de l’investissement.

Des promesses sans lendemain relatives à l’ouverture d’agences bancaires à l’étranger ou d’orientation sur la finance islamique – dans le faible espoir de capter les fonds du marché informel- sont présentées, curieusement, telles des solutions à la problématique qui plombe l’activité domestique.

La compétence, cette première énergie, une ressource capitale, manque à l’appel dans cette volonté de relance économique qui peine à trouver expression sur le terrain.

Avant d’explorer les sols et de sonder les sous-sols, le premier acte dont dépend l’avenir du programme économique que l’on a voulu ambitieux , consisterait à mobiliser le facteur humain dont le choix serait débarrassé de ces attaches et colorations politiques dont on a  longtemps fait des préalables.

Sur papier , l’économie algérienne , du moins la feuille de route déclinée suscite espoir et affiche une dose de réalisme qui mérite d’être soulignée.

Sur le terrain, les hydrocarbures concentrent l’essentiel de l’activité et renforcent le terrible constat d’une dépendance quasi totale aux ressources découlant de ces flux pétroliers.

L’économie du pays est totalement irriguée par ces recettes . Une situation qui aggrave davantage la vulnérabilité du paysage, pendu aux aléas des marchés pétroliers et à la volatilité des cours de l’or noir.

Plombée par ce confort pétrolier qui tombe telle une bénédiction , ou plutôt une malédiction , la réflexion en faveur d’une diversification de la ressource semble se satisfaire de cet état des lieux où la rente est érigée en mode de gouvernance.

Il est vrai que dans la vision déclarée par les pouvoirs publics , l’urgence de gagner un rang de souveraineté en matière de sécurité alimentaire s’est traduite par une politique soutenue qui tend à réorienter l’agriculture sur les segments stratégiques qui obéissent à un tableau de produits dits prioritaires : le blé, l’orge, le lait etc…

L’alignement du potentiel naturel, minier notamment ,  qui place l’Algérie aux premiers rangs ne peut économiquement parlant , porter de résultats sans une ressource humaine à même de rendre effectifs les objectifs de relance escomptés.

Tebboune a multiplié les discours pour tenter d’expliquer sa démarche essentiellement orientée sur le recours à ces gisements de richesse , jamais exploitées et dont il a souhaité tirer matière à substitution aux hydrocarbures.

Le chef de l’État  cite cette inestimable ressource minière dont les algériens découvrent l’étendue et la valeur . Un trésor caché , jamais déterré.

Du phosphate , du zinc , du plomb , en passant par l’or , il est utile de noter que les estimations réalistes classent l’Algérie comme première réserve mondiale en minerai de fer et parmi les plus importants au monde, également, en matière de Terres Rares, ressource d’avenir , tant convoitée à l’échelle mondiale.

Autant de richesse souterraine que la majorité des algériens ne soupçonnait guère.

Des richesses qui demeurent encore au stade dormant.

L’outil juridique qui devait servir de base à l’incitation économique et la promotion du business dans un cadre autrement simplifié s’est pourtant traduit par l’adoption du nouveau code des investissements.

Un texte certes,salué par les opérateurs pour ce qu’il consacre comme égalité des chances et liberté d’initiative dans un cadre de transparence induit par une assise numérique qui le rend concrètement porteur.

Le code de l’investissement dont l’élaboration a pris énormément de temps et qui risque de se retrouver handicapé par l’absence d’une véritable réforme bancaire dont la première signification consiste à réduire les délais de crédit et engager la bonne prise de risque au sens rationnel.

Le prétendant à l’investissement, qu’il soit national ou étranger pose ces préalables de sécurité règlementaire et de garanties de souplesse bancaire entre autres…

Il est temps que l’urgence soit portée sur le paysage financier , de la banque mère aux établissements de crédit, sans omettre d’entreprendre une meilleure approche fiscale en réponse aux attentes vivement exprimées par les porteurs de projet.

Si les ministres en charge des questions en lien avec la chose économique ne se sentent point dans l’urgence ou dans l’obligation de résultats, ce sont  pourtant les engagements du chef de l’État qui risquent d’en pâtir…

l’Algérie qui s’est totalement éloignée du spectre de l’endettement extérieur et des contraintes financières , n’a plus le droit de s’éloigner de ce réalisme implacable où les cours des  hydrocarbures continuent de servir d’indice…de bien être.

R.E

 

 

 

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