Retour sur le 117 ème vendredi du Hirak : Des centaines d’interpellations à travers le territoire national

Les manifestants du Hirak se sont quittés, lors du 116ème acte, avec la détermination d’être au rendez-vous pour le 117 ème vendredi qui a coïncidé avec la fête de l’Aîd El Fitr, sacrifiant les moments de joie des retrouvailles familiales à l’occasion.

Mais les pouvoirs publics ont en décidé autrement, après l’interdiction désormais actée de la manifestation des étudiants pour la troisième fois consécutive et le communiqué des autorités qui annonce la soumission de toute manifestation à une autorisation préalable.

Ainsi, en ce 117ième vendredi du Hirak la couleur est annoncée par le dispositif impressionnant, nettement plus imposant, dès le rond point du 1er Mai où les forces anti émeutes avaient fermé les accès. On a du se faufiler entre les ruelles adjacentes pour accéder aux escaliers menant à la rue Khelifa Boukhalfa donnant sur la rue Didouche Mourad.

Interpellations et vérifications d’identité à tour de bras. Les manifestants peinent visiblement à se constituer en carrés comme à l’accoutumée. On apprend que plusieurs personnes ont été arrêtées suite à une tentative de marche, parmi lesquelles des journalistes, des photographes et des responsables de partis politiques.

Des manifestants, qui s’apprêtaient à prendre part à la marche ont été bousculés, malmenés et même parfois violentés. Une déduction évidente. De nombreux confrères et autres militants étaient injoignables aussitôt arrêtés, leurs cellulaires étant confisqués, et injoignables sur les réseaux sociaux.

De même, les échos parvenant des villes de l’intérieur du pays font état d’une réaction musclée des forces de l’ordre, empêchant ainsi les manifestations dans plusieurs villes.

Aussitôt, le comité national de libération des détenus (CNLD), une association d’aide aux détenus d’opinion, a recensé les nombreuses arrestations à travers tout le pays, dont des figures du Hirak et des opposants, comme le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, et des responsables du mouvement démocratique et social (MDS).

Les agents anti émeutes, en tenue ou en civil, présents en force à travers les points de rassemblement des manifestants, dispersaient les citoyens même dans les jardins publics.

À l’approche des élections législatives anticipées du 12 juin, rejetées par le Hirak, le changement de ton du ministère de l’intérieur est différemment apprécié. « Désormais, c’est Alger la bleue », clame un militant politique, allusion faite « Alger la blanche » qui selon lui a fait sa mue. « Plus les élections approchent, le pouvoir est pris de panique », ajoute-t-il.

Le régime semble désormais déterminé à briser le mouvement de protestation populaire, né il y a plus de deux ans, afin d’appliquer sa « feuille de route » électorale, affirme-t-on à la CNLCD.

L’effet escompté et attendu n’aura pas lieu et risque de produire l’effet inverse ; le renforcement de la détermination des citoyens qui reviendront à la charge les prochains vendredis. C’est du moins ce que se promettent les manifestants.

Les partis de l’opposition étant discrédités, la campagne électorale en prévision des prochaines élections législatives, à quelques jours de son lancement, s’annonce des plus moroses à travers les différentes régions du pays, la rupture des citoyens avec le processus électoral étant consommée depuis quelques années déjà.

Les regards des différents observateurs et autres analystes de la situation politique nationale sont rivés sur le développement de la scène politique.

Un suspens plane désormais, après les centaines d’interpellations à travers le territoire national.

A. Ben Ali.

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