Lecture académique autour du plan de relance économique

Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a présidé, le 12 juillet 2020, un conseil des ministres.

Ce conseil a été consacré à l’examen du projet de Plan national de relance socio-économique, basé sur huit axes directeurs arrêtés lors de la séance de travail du 9 juillet dernier présidée par le chef de l’Etat en présence du Premier ministre et des ministres des Finances, de l’Energie, de l’Industrie et des Mines, du Commerce, de l’Agriculture, ainsi que du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective.

 

A la lecture du communiqué de la présidence dont le texte intégral a été publié par l’APS le 13 juillet 2020, nous pouvons distinguer deux types d’actions :

 

Des actions structurelles, et des actions conjoncturelles qui doivent toutes deux jouer en principe un rôle complémentaire.

 

Les actions structurelles visent à mettre en place les fondations nécessaires à une activité économique soutenue et durable, alors que le soutien conjoncturel vise à stimuler l’économie à court terme.

 

Les actions structurelles préconisées par l’Etat sont visibles à travers les quatre premiers axes directeurs étudiés en conseil des ministres à savoir :

« 1.-d’opérer des réformes structurelles à même d’assurer une exploitation optimale et transparente de toutes les potentialités et richesses naturelles nationales, à commencer par les mines dont regorge l’Algérie,

2.- L’exploitation de la mine de fer de Ghar-Djebilet dans la wilaya de Tindouf et du gisement de Zinc de Oued Amizour dans la wilaya de Béjaïa,

3.- l’édification d’une véritable nouvelle économie passe par le changement des mentalités et la libération des initiatives de toute entrave bureaucratique, la révision des textes juridiques en vigueur, ou leur adaptation en fonction de la logique économique et non des pratiques conjoncturelles, ce qui permettra de mieux exploiter le génie national et de générer les richesses et les emplois sans exclusion, ni exclusive,

4.- l’impératif de générer de la valeur ajoutée dans chaque projet, appelant à explorer toutes les terres, y compris les terres rares, aux fins d’amortir le recul des recettes de l’Etat. »

L’État veut donc agir d’une multitude de façons pour créer les bases structurelles à l’activité économique :

1/ A travers l’exploitation des richesses naturelles nationales.

2/ A travers l’existence d’un régime juridique solide, qui est essentiel à la bonne marche de l’économie

3/ A travers l’exploration de toutes les terres, y compris les terres rares, aux fins d’amortir le recul des recettes de l’Etat.

 

Ce qui est visible à travers ces actions, quand bien même c’est important de les commencer maintenant pour générer leurs fruitsà long terme, c’est que : D’une part ce n’est pas structurant dans l’immédiat, et d’autre part l’exploitation de terres rares est très dangereuse pour l’environnement.

Beaucoup de pays qui l’ont essayé se retournent plutôt maintenant sur le recyclage.

A notre avis deux types d’actions ressortent du lot comme étant particulièrement importantes pour structurer notre économie : les investissements en infrastructures et les investissements dans les services publics, notamment en éducation et en formation.

 

1/L’existence d’infrastructures diversifiées et modernes (routes, aéroports, transports en commun, énergie, eau, établissements de santé et d’éducation, réseaux de communication, etc.) constitue assurément l’un des déterminants importants de l’activité économique.

Les investissements dans les services publics sont également vitaux pour l’économie, puisqu’ils favorisent notamment la cohésion sociale, la santé au sein de la population et une augmentation du capital humain.

 

2/ En plus des investissements en infrastructures et dans les services publics, l’État peut également mettre en œuvre une stratégie industrielle visant à soutenir le développement du tissu industriel.

 

Une politique industrielle est un ensemble de mesures visant à soutenir le développement d’un ou de plusieurs secteurs industriels ou économiques.

Celles-ci peuvent prendre la forme de mesures incitatives fiscales, de subventions ou d’interventions plus ou moins directes visant divers objectifs.

 

Les quatre autres axes directeurs du plan de relance étudiés en conseil des ministres semble s’inscrire comme actions de soutien conjecturelles à l’économie à savoir :

« 5.-au ministre de l’industrie de présenter les cahiers des charges déjà disponibles, lors du prochain Conseil des ministres, et d’optimiser les dérivés du pétrole et du gaz en vue de revoir le Produit national à la hausse,

– 6-rechercher des mécanismes efficaces à même de réduire, à court terme, les dépenses inutiles, d’augmenter les revenus à travers l’encouragement de la production nationale, la généralisation de la numérisation et la lutte contre l’évasion fiscale, le gaspillage et la surfacturation.

-7.-préserver le caractère social de l’Etat et le pouvoir d’achat du citoyen, notamment la classe défavorisée,

8.- assurer le dialogue avec les partenaires où le Plan de relance socio-économique sera présenté à tous les opérateurs économiques algériens, une fois approuvé en Conseil des ministres. »

 

A notre avis, le soutien conjoncturel à l’économie est formé quant à lui,d’actions prises par un gouvernement pour stimuler et pour relancer l’économie à court terme il doit:

1/ s’appuyer  tout d’abord sur la politique budgétaire du gouvernement, c’est-à-dire sur ses choix en matière de revenus et de dépenses en haussant les dépenses gouvernementales et les investissements publics.

 

2/ Favoriser la consommation des ménages en augmentant les salaires ou en diminuant les impôts et les taxes.

 

3/ Le soutien conjoncturel vise également la banques centrales :L’États confie à celle-ci le soin d’établir la politique monétaire qui consiste essentiellement à déterminer le niveau des taux d’intérêt et la quantité de monnaie en circulation dans une économie et ce en réduisant le coût des emprunts et la valeur de la monnaie nationale.

 

Ces mesures ont des répercussions sur le niveau d’investissements des entreprises et des individus, ainsi que sur les exportations.

Au-delà des actions structurelles, et des actions conjoncturelles, prises par notre pays, il existe d’autres formes qui ont été expérimentées avec succès pour la relance d’une économie, :

Celles reposant en grande partie sur l’investissement privé des entreprises, où tout programme public de relance de l’économie visera à stimuler l’investissement privé.

 

Pour y arriver, l’État choisit entre deux grandes voies : influer sur la « compétitivité prix » ou influer sur la « compétitivité qualité ».

En anglais, on utilise souvent les termes de low road et de high road.

La « compétitivité prix » (low road), c’est la compétitivité que l’on recherche en réduisant les coûts d’une entreprise.

Ainsi, l’État qui désire augmenter la compétitivité des entreprises peut réduire leur fardeau fiscal, modifier les lois du travail, revoir la règlementation environnementale ou toutes autres contraintes se répercutant sur les coûts d’une entreprise.

En limitant les impôts et les taxes à payer, les coûts salariaux ou les dépenses de conformité environnementale, ce type de politiques publiques permet parfois de rendre plus compétitives les entreprises locales par rapport à leurs homologues étrangères.

La « compétitivité prix » n’est cependant pas la seule voie possible pour hausser la compétitivité des entreprises. Il existe également ce que l’on peut qualifier de « compétitivité qualité » (high road).

Ce type de compétitivité est basé non pas sur la réduction des coûts d’une entreprise, mais plutôt sur l’augmentation de la plus-value que cette entreprise génère.

 

La « compétitivité qualité » peut être basée sur un produit ou un service qui se différencie par sa grande qualité et sa spécialisation ou miser sur l’innovation ou un meilleur service après-vente.

 

Les États qui favorisent cette voie misent sur l’innovation, la recherche et développement, la formation de la main-d’œuvre, l’investissement dans les technologies de pointe, etc.

Il s’agit d’une voie exigeante, plus complexe à mettre en œuvre que la stratégie de la « compétitivité prix », mais dont les bénéfices sont plus grands pour l’ensemble de la société, notamment pour les travailleuses et travailleurs.

 

Évidemment, les deux voies ne sont pas mutuellement exclusives, c’est-à-dire que, généralement, les États adoptent des politiques afin d’influer sur les deux types de compétitivité.

Pourrions-nous un  jour proche mettre en œuvre ces deux types de compétitivité pour la relance de notre économie au lieu de chercher à perdurer la rente ?

A bon entendeur…

 

Docteur Rafik Alloui

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