Dr Rafik ALLOUI: La majorité silencieuse s’est réveillée

Depuis les élections législatives de 1991, la majorité silencieuse a failli permettre au FIS de prendre la majorité absolue et remettre en cause les fondements de la république. En effet, sur les huit millions de la liste électorale seuls trois millions ont voté et cinq millions sont restés silencieux.
Si ce n’est l’intervention de l’armée qui a pris sa responsabilité constitutionnelle de sauver la république, la catastrophe aurait été très grande. Certes le prix a été très cher, mais ce que nous avons gagné est inestimable : la république a été préservée mais aussi est surtout l’unité du pays car diviser le pays était et reste l’objectif principal que les ennemis de l’Algérie tenteraient de saisir à chaque occasion propice. Cela étant, on avait expliqué ce comportement par un vote sanction contre le FLN qui n’a pris que cinq cent mille voix.

En 1999, malgré le jeu fermé en faveur de Bouteflika présenté en sauveur, contre des ténors comme Aït Ahmed, Taleb El Ibrahimi, Hamrouche qui se sont retirés en le laissant seul, la majorité silencieuse avait en Partie cru. Depuis, les mandats de Mr Bouteflika se succèdent par la force du truquage et de la fraude des élections et la majorité silencieuse s’est agrandie aux fil des mandats au point d’atteindre les 75% pour le quatrième mandat si l’en tient le chiffre officiel de 35% de votants (le réel était de 12%).

On a pu maintenir cette majorité silencieuse dans un état de léthargie par la peur de la faire retourner à la violence et au terrorisme malgré le bilan de ses trois mandats précédents très négatifs:
-L’Algérie est classée 122e en matière de liberté de la presse sur une échelle de 157 pays.
– L’Algérie classée 133e place en démocratie sur un total de 167 pays. La Jordanie (117e), la Mauritanie (118e), l’Egypte (119e). Le Maroc devance l’Algérie classée au 133e rang et la Tunisie à la 141e place, fraude électoral et absence de pluralisme politique, des libertés civiles et de culture politique)
– L’Algérie excelle dans la construction des prisons. Treize nouvelles prisons ont été réceptionnées pour 19 000 places. (Le directeur général des établissements pénitentiaires, a indiqué que 40,20% des prisonniers sont des récidivistes, soit 22 000 sur 55 000 détenus.
– L’Algérie se classe à la 125 place, soit la dernière en matière d’innovation. (L’Algérie est classée dernière le Soudan (124e), le Yémen (123 -ème) et le Niger (123).
-Sur le plan régional, l’Algérie se trouve dépassée et de loin par la Tunisie (66 e), l’Egypte (87e), ou le Maroc (94e).
-L’Algérie est classée à la 157e place des pays où il fait bon vivre sur 192 pays. (L’Algérie est créditée du score de 62 en coût de la vie, de 62 en loisirs et culture, 56 en économie, 57 en environnement, 25 en liberté, 53 en santé, 27 en infrastructure, 50 en sureté et risques, 99 en climat, soit un score final de 52 points.
-L’Algérie est classée 79 -ème sur 110 pays dans l’indice mondial du bien-être. (Les experts ont pris en compte l’état de santé des habitants, le niveau de liberté, le niveau de chômage, le taux d’inflation, le niveau de vie, la qualité de l’éducation et de la santé, les institutions démocratiques, la qualité de la gouvernance, l’environnement économique et les innovations, le capital social et la liberté individuelle.)
-L’Algérie est classée 86e sur 100 dans le classement sur la compétitivité mondiale avec un score de 3,96. (L’Algérie est dernière en compétitivité économique au Maghreb, se classe derrière la Tunisie, Oman, le Koweït, Bahreïn, la Jordanie, le Maroc et l’Égypte.
-L’Algérie est classée au 148e rang mondial dans la création d’entreprises, d’emplois et de richesses sur une échelle de 187 pays. (La Banque mondiale apprécie encore une fois assez négativement l’économie algérienne, notamment dans ses deux chapitres liés au climat des affaires en Algérie et la création d’entreprises.)
-l’Algérie n’a pas accompli de progrès en matière de développement tout au long des dix dernières années.
-l’Algérie s’est distinguée par un taux de chômage élevé, surtout parmi les jeunes, la baisse du pouvoir d’achat touche la majorité de la population et la situation de l’ancienne classe moyenne en particulier continue de se détériorer, relève-t-on. Sur le plan économique, l’Algérie est épinglée pour ses « obstacles à l’investissement, tels que l’accès insuffisant aux ressources financières, les grands obstacles bureaucratiques et la corruption généralisée »)
– L’Algérie à la 4116e place sur 6000 en matière de qualité d’enseignement universitaire, 60 -ème place sur 100 au niveau africain, au point que la politiques de l’enseignement de ces quinze dernières années ont fait reculer nos universités au niveau régional, africain et international, les essais dans laboratoire à ciel ouvert est un crime contre l’intelligence de nos enfants, 22% des algériens sont analphabètes, soit 6 millions d’Algériens. Le Centre a recensé plus de 6 millions analphabètes dont 60% sont des femmes et 75% des enfants âgés entre 10 et 15 ans.
-L’Algérie classée dernière aux olympiades internationales de mathématiques. L’Algérie a été classée 104e sur 104 à la dernière olympiade de mathématiques, en Allemagne. Une compétition où les candidats s’affrontent à coups d’équations et de formules arithmétiques.)
– 10 % des enfants d’Algérie de moins de 15 ans ne vont pas à l’école. 10% de nos enfants de moins de 15 ans ne vont pas à l’école et 200.000 sont renvoyés avant l’âge de 16 ans.)
– l’Algérie ne compte pas sur ses compétences et les marginalise,n’applique pas les règles scientifiques de gestion et n’a pas de stratégie opérationnelle pour atteindre les objectifs de sa politique de développement.
Les choses se sont aggravées sur tous les plans pendant le quatrième mandat le social notamment, en dehors de la concorde civile et de la réconciliation nationale, que Mr Bouteflika n’était pas le seul à réaliser, le président Zeroual en a grandement contribué, les observateurs qualifient le bilan social de Bouteflika pour son quatrième mandat qu’il a terminé très malade et très affaibli par un AVC, de désastreux, notamment au vu du taux de chômage dans le pays.
Selon les chiffres avancés par l’Office National des Statistiques (ONS), ce taux est passé de 10,5% en décembre 2016 à 12,3% (avril 2017), soit une augmentation de près de 2% en une année à peu près. Parmi les chômeurs, plus de 60% cherchent un emploi depuis plus d’une année et 48% sont diplômés, selon des chiffres fournis par huffpostmaghreb.com. Et pour cause, une situation économique relativement critique à cause de la chute du prix du baril de pétrole. Sachant que l’économie nationale dépend grandement des recettes des hydrocarbures, le budget de l’Etat en a lourdement fait les frais. Plusieurs projets de développement économique et social, ont ainsi été reportés, voire annulés.

Ses partisans vantent ses réalisations, mais au vu des mille milliards de dollars que l’Algérie a gagnés au cours de ses mandats tous les économistes s’accordent à dire que c’est très insuffisant.

Malgré ce bilan désastreux, malgré sa maladie et malgré son entourage pourri et détesté par le peuple Mr Bouteflika brigue un cinquième mandat. Cet état de fait aggravé par l’absence d’une véritable opposition et l’expectative de l’armée observée depuis longtemps pour motif de non-ingérence dans les affaires politiques a fait réagir la majorité silencieuse qui a brisé la peur et sort dans les rues des villes et villages du pays par millions en manifestant pacifiquement contre non seulement le cinquième mandant mais en demandant un changement radical du système.

En réponse Mr Bouteflika promet dans sa lettre de candidature dans le cas de sa réélection dit-il une conférence nationale une élection présidentielle anticipée dans laquelle il ne sera pas candidat une révision approfondie de la constitution suivie d’actions pour régler les problèmes de la jeunesse.
Ces promesses pourraient -elle satisfaire les revendications de la rue ? Toutes les observatrices et tous les observateurs s’accordent à dire NON pour la simple raison que cette majorité silencieuse qui a été maintenue en silence pendant longtemps avec ou son gré, a non seulement plus confiance car il y a bien eu des promesses non tenues, mais le plafond de ses revendications sont très élevées de façon qui ne lui permet pas de faire marche arrière quoi qu’il arrive. (tous les manifestants crient dans les rues « rien ne nous fait peur ni la BRI ni les commandos (sayika).

Devant l’obstination du pouvoir à maintenir le fait accompli et devant la persistance des millions dans les rues le risque d’affrontement reste posé et l’ingérence tant attendue par les ennemis de notre pays est réelle et la suite pourrait être plus grave :l’unité du pays est menacée

La seule solution pour éviter ce scénario catastrophique pour notre pays est entre les mains de notre armée nationale populaire qui doit prendre ses responsabilités constitutionnelles pour sauver le pays comme elle l’a fait en 1991. A bon entendeur.

Dr Rafik ALLOUI

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