Au delà du 12 Décembre, la solution en sursis

Pleine incertitude à deux semaines d’un rendez vous décisif pour l’avenir du pays .

Décisif , en ce qu’ il porte comme enjeu majeur dans un climat de haute tension et en ce sens où la tenue de ces élections, même si elles pouvaient trouver quelques  » preneurs  » ne réglera pas pour autant la crise.

Et cela tout le monde le sait . Y compris les promoteurs  de cette echéance et les candidats .

Sur le terrain, deux campagnes s’entrechoquent. Deux camps se forment et divergent sur le fond et la forme.

Quelle qu’ en sera l’issue du 12 Décembre, le président ne sera certainement  pas celui dont la légitimité serait irréprochable.  Son rejet est déjà là.

 

Dans un climat de tension et de rejet populaire exprimé par un hirak au souffle long malgré les arrestations et les intimidations ciblées, les élections du 12 Décembre , opposent le pouvoir à une bonne majorité du peuple .

En premier, l’armée, invoquant ses attributions constitutionnelles , notamment la donne sécuritaire dont elle semble faire un argument légal, l’interpellant dans ce tumulte de l’après 22 février et qui justifierait, selon sa vision, largement son implication dans le débat politique que d’aucuns considèrent du domaine réservé .

L’institution militaire campe sur ses résolutions et déploie à travers son chef une série infinie de discours, tous orientés vers ce qu’ elle considère comme l’unique clé de sortie de crise et investit toute sa démarche, sans possibilité de négociation ou autre concession,  vers l’objectif du 12 Décembre.

 

La machine avance. En marge du défilé des responsables soupçonnés de corruption , tous livrés à la vindicte populaire avant leur incarcération, des activistes et militants aux profils identifiés comme influents dans le mouvement populaire vont être jetés en prison pour des motifs farfelus et des chefs d’inculpation liés à leurs libres opinions.

 

Pour autant, la protestation de la rue ne faiblit guère et tient à se faire entendre.

Pas d’élections sous un gouvernement suspecté d’être fraudeur, malgré la mise en place d’une autorité supposée neutre et indépendante chargée des présidentielles, née à la faveur d’une commission de dialogue ayant tenté de servir comme trait d’union  entre le hirak et le pouvoir .

 

Ces artifices, comme se plaisent à les qualifier les manifestants n’ont fait que renforcer la détermination de la rue à maintenir la pression et à réactualiser ses slogans au gré des événements.

 

Cinq candidats, tous issus de l’ancien régime, dont notamment deux ex chefs du gouvernement se  trouvent aujourd’hui confrontés à l’épreuve du terrain pour aller faire campagne.

 

Au bout d’une semaine, aucun candidat n’a réussi une sortie propre et pleine à la rencontre des citoyens.

Ils ont tous eu droit au même accueil : rejet populaire, manifestations autour des salles de meetings , empêchements par divers moyens et des lots d’insultes .

Oser le bain de foule, relève désormais de la véritable aventure.

Pourtant, les candidats y croient toujours et s’essayent au discours rassembleur, quitte à brandir le spectre d’un retour aux années de sang .

L’Algérie serait en danger, selon ces candidats qui rejoignent ainsi la thèse défendue par l’armée, et dont il ressort un plan de déstabilisation qui viserait le pays avec bien entendu, des complicités internes .

 

L’ennemi serait cet invisible, à l’affût du « vide constitutionnel  » et qui fonde ses plans sur le recours à cette transition tant réclamée par la rue et tout autant rejetée par l’armée.

 

Nous ne sommes plus qu’ à deux semaines de ces élections, les étudiants sont encore plus déterminés dans leurs sorties des mardis , le hirak revient en force les vendredis , alors que les discours du chef d’État major de l’armée maintiennent le cap sur l’objectif initial : les élections.

 

Quelques centaines de personnes sont réunies sous un décor de folklore pour occuper quelques espaces publics et crier leur adhésion au rendez vous de Décembre.

 

Une mobilisation artificielle au nombre insignifiant censée contrer le boycott alors que les 5 candidats se targuent d’avoir réuni chacun plus des 50000 signatures préalables à leur adhésion.

Sur le terrain, cette assise populaire est carrément inexistante.  Où sont passés les signataires , les soutiens ?

Le futur président de l’Algérie, le potentiel chef d’État que la situation actuelle forcera à sortir d’une urne aussi pâle qu’ obscure , sera tenu de reconnaître son maigre statut, lui qui n’aura pas réussi à s’offrir le moindre bain de foule , au milieu d’un peuple dont il est censé être le représentant.

Les candidats en lice acceptent ce lourd handicap et tentent de l’expliquer par  » le sacrifice consenti en faveur de la patrie  » .

De l’opportunisme, plutôt! répondent les manifestants,  les plus indulgents .

Pour certains et ils sont nombreux, soutenir un candidat ou songer à aller voter, relève, tout simplement de la « trahison  » . C’est dire qu’ à ce niveau, les positions se radicalisent et l’esprit de la démocratie qui consacre la liberté d’opinion est loin d’être en vigueur.

Le doute s’installe.  S’aggrave.  Plus que jamais.  L’Algérie a raté une occasion de vrai dialogue, une opportunité de sincère réconciliation avec elle même.

 

ABN

 

 

 

 

 

 

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