Tourisme, cette richesse abandonnée: Diagnostic d’un échec et d’absence de volonté…

La stratégie du développement touristique de l’Algérie élaborée depuis 2008 dans le schéma Directeur d’Aménagement Touristique,  (SDAT), est articulée autour des pôles d’excellences touristiques qui doivent remplir deux missions :

1- Structurer le territoire Algérien dans les zones de ces pôles ;

2- Faire émerger la destination Algérie en travaillant son image dans le cadre d’une politique volontariste, inscrite indiscutablement dans le cadre du développement durable.

 

Les pôles d’excellences touristiques selon le SDAT, permettent un maillage du territoire impliquant :

1- Une organisation et une structuration des espaces touristiques,

2- Le développement de l’économie touristique de l’ensemble du territoire.

 

Le SDAT fixe des objectifs physiques et s’appuie sur des objectifs monétaires de la première étape 2008-2015.

Les objectifs physiques du SDAT élaborés en trois étapes court, moyen, et long terme, vise à répondre à une demande internationale et à une demande nationale qui avoisinerait plus de onze millions de touristes en 2025.

Le nombre de lits marchands à créer est de 75.000 lits de très bonne qualité.

 

Au terme de l’étape moyenne terme, l’objectif de l’Algérie est d’accueillir 2,5 millions de touristes. En respectant les mêmes ratios que les voisins Tunisiens.

L’objectif pour les pôles prioritaires : environ la moitié de la nouvelle capacité d’accueil prévue soit 40.000 lits au standard international dont : 30.000 lits haut de gamme à très court terme et 10.000 lits supplémentaires à moyen terme, 400.000 emplois générés (directs et indirects),et 91.600 places de formation dans dans le domaine du tourisme.

 

Selon le SDAT, la mise en tourisme de l’Algérie prévoit : un investissement touristique public et privé nécessaire estimé entre 2008-2015 à 2,5 milliards de dollars US.

 

L’investissement global public et privé, matériel et immatériel (infrastructure, paysage, communication) peut être estimé à 60. 000 dollars US par lit créé (tous aménagements compris), soit 55.000 dollars US en investissements matériels et 5.000 dollars US en investissements immatériels par lits.

 

Pour la capacité de lits de 40.000 lits projetés dans les sept (7) pôles touristiques d’excellences, un investissement global d’un peu plus de 2,5 milliards de dollars US est prévu sur 7 ans (horizon 2015), soit 350 millions de dollars US par an.

 

Dans les sept pôles touristiques d’excellence, un effort supplémentaire d’un milliard de dollars US devra être engagé pour gommer les déficits structurels actuels selon le SDAT.

 

D’après le SDAT, en retenant le ratio habituel de 15% pour la part d’investissement public (matériel et immatériel inclus), les pouvoirs publics devraient avoir à leur charge (tous ministères confondus), 375 millions de dollars US sur 7 ans pour les sept pôles touristiques d’excellence, soit 50 millions de dollars US par an.

Cela étant, peut-on considérer que la première étape, à l’horizon 2015 qui est considérée par le SDAT, comme une phase « d’amorçage » par la mise en place des instruments multiformes dans les domaines de l’investissement, de la formation de la ressource humaine, de la promotion des potentialités touristiques et de la régulation des activités à réellement commencé ?

 

La mise en tourisme de l’Algérie, à l’horizon 2025, qui doit se faire de manière graduelle et assise sur les fondements mis en place lors de cette première étape ; est-elle réellement effective ?

 

Au vu des résultats obtenus en 2015, nous pouvons dire que « l’amorçage » n’est pas du tout effectif, car l’objectif principal sur lequel repose la stratégie mise en place par le SDAT n’est pas atteint à savoir :

La concrétisation des projets prioritaires dans le cadre des pôles d’excellence, levier du développement local.

 

De l’analyse critique effectuée nous pouvons conclure ce qui suit :

1- les cinq dynamiques qui englobent la stratégie de développement touristique de l’Algérie font ressortir qu’aucune méthode managériale n’est prévue pour atteindre les objectifs fixés, cela est à notre avis la raison majeure du bilan négatif de l’étape sur laquelle est basée le SDAT de l’Algérie.

 

2- l’effort de l’Algérie est visible à travers le nombre de projets inscrits depuis la mise en place du SDAT pour le développement du tourisme, mais, nous relevons que cet effort est souvent relié au simple rôle d’encouragement et d’incitation de financements de projets privés nationaux en majorité, qui une fois retenus se trouvent confrontés aux lenteurs de procédures de mise à disposition d’assiettes foncières.

 

L’échec constaté de la première échéance 2015 consacrée à la mise en tourisme, a incité les pouvoirs publics Algériens à se donner le temps pour corriger les insuffisances.

Le SDAT est désormais pour 2030.

 

A l’occasion des 3eme assises du tourisme tenues le 20 janvier 2019, les autorités chargées du tourisme ont précisé que la stratégie du tourisme repose essentiellement sur :

1- la valorisation de la destination touristique algérienne, 2- l’amélioration de la qualité des prestations touristiques, 3 – la promotion des pôles touristiques, 4 – l’encouragement de l’investissement 5- le renforcement du partenariat entre les secteurs publics et privés.

 

L’évaluation de la mise en œuvre du plan directeur d’Aménagement touristique SDAT pour la période de 2008-2018 a été encore une fois négative malgré le nombre de lits qui a augmenté mais en dehors de la stratégie du SDAT,La mise en place d’un management touristique a été évoquée lors de ces assises, mais aucune méthode scientifique managériale n’été évoquée.

 

Selon les estimations publiées dans le rapport compétitivité dans le secteur du tourisme et des voyages publié tous les deux ans par le Forum Economique Mondial,il ressort que la compétitivité touristique de 140 pays, L’Algérie compterait en 2017 0,1 chambre d’hôtel pour 100 habitants, se classant dans cette catégorie à la 111e place.

 

En 2019, toujours selon le Forum Economique Mondial, l’Algérie se classe mal sur :

– 1/ les facteurs de l’environnement des affaires (118e), –

2/ la priorisation du secteur des voyages et du tourisme (132e), –

3/ l’infrastructure de services pour les touristes (136e), –

4/ la durabilité environnementale (133e), –

5/ les ressources naturelles (126e) –

6/ l’ouverture internationale (139e)

 

Cela veut dire que ni la mise en tourisme ni l’amorçage du tourisme ni encore moins les perspectives d’une destination Algérie prévus par le SDAT n’ont été atteints.

 

Pourquoi cette situation ? Est-ce que c’est un manque de moyens financiers de l’Etat ? surement pas, puisque les moyens de notre pays peuvent prévoir aisément de quoi disposer des 15% pour la part d’investissement public (matériel et immatériel inclus). Soit 3.562,500 dollars sur 5 ans, si on tient compte de l’inflation annuelle de l’ordre de 1.9 depuis 2015 selon l’office des statistiques. (ONS)

 

En d’autres termes, les pouvoirs publics devraient avoir à leur charge (tous ministères confondus), 712 millions 500 mille dollars US sur 5 ans pour les sept pôles touristiques d’excellence, soit 142 millions 500mille dollars US par an consacrés pour les voies d’accès et la viabilisation des ZET et la formation..

 

Avec des ZET aménagées et préparées cela pourrait à coup sûr encourager les investisseurs nationaux et étrangers à investir dans la réalisation non seulement des 40.000 lits prévus par le SDAT pour la mise en tourisme, mais pourrait atteindre les 75000 lits et au-delà avec en plus la création de la destination Algérie.

 

9.4 millions de touristes ont visité la Tunisie dont 3 millions d’algériens en 2019.

Avec nos moyens d’hébergements accompagnés d’un plan marketing national auprès des tours opérateurs mondiaux dans le cadre d’une destination Algérie, nous pouvons aisément recevoir dans 5 ans autant de touristes que nos voisins tunisiens avec le maintien de nos compatriotes dans leurs pays et recevoir dans nos établissements touristiques au moins 80% de nos citoyens résidant à l’étranger.

 

En d’autres termes nous pouvons atteindre l’adjectif tracé dans le SDAT en 2025 soit plus de 11 millions de touristes,400.000 emplois générés (directs et indirects), et 91.600 places de formation par an dans le domaine du tourisme.

 

En Tunisie le touriste apporte 140 euros. Au Maroc, le touriste rapporte 600 euros, en Guinée il rapporte 900 euros.

Si on prend une moyenne de 300 euros chez nous,nous obtiendrons, 33 milliards de dollars annuels soit l’équivalent des recettes des hydrocarbures en 2017.

(Les recettes ont chuté de 5 milliards de dollars en 2020 conséquences de la pandémie du coronavirus)

Malgré l’apport considérable du tourisme dans les économies nationales prouvé dans le monde entier y compris dans les pays développés, malgré la richesse des potentialité existantes, malgré les moyens financiers dont dispose, notre pays, le gouvernement continue d’ignorer ce secteur dans son programme de développement national.

 

La raison est à notre avis le cumul d’échecs qui a engendré un déficit énorme que l’Etat n’a pas pu combler, surtout que la stratégie du SDAT est articulée autour d’objectifs tracés par étape.

Cela a découragé le gouvernement à investir en n’ayant pas la certitude des résultats attendus.

 

Effectivement, on ne peut pas avoir la certitude des résultats attendus que par l’application des règles scientifiques issus de la science de gestion, en particulier dans le domaine du management opérationnel stratégique qui seulement avec ces méthodes scientifiques on peut atteindre les objectifs tracés.

 

Une thèse de doctorat dans l’administration des affaires(DBA), l’unique en Algérie et le deuxième en France obtenu à l’université Sofia Antipolis de Nice en 2016 comportant un plan opérationnel stratégique pour le développement du tourisme a été mise à la disposition de l’ensemble des autorités concernées au lendemain de son obtention.

 

Sur le plan national, la presse écrite et visuelle  ont fait un large écho de cette réalisation, de même que sur le plan international ce travail a été pris en considération dans la publication phare de l’OMT « Tourisme pour le développement.

 

Cette publication, de l’OMT, publiée sous forme de recommandations pour tous les membres de cette organisation, relate les principaux résultats de l’Année internationale du tourisme durable pour le développement 2017, aborde les changements nécessaires dans les politiques, les pratiques commerciales et le comportement des consommateurs pour le tourisme et contribue efficacement à l’agenda 2030 pour le développement durable.

 

Pourquoi ne veut-on pas bénéficier de cet apport scientifique dont l’auteur ne cherche autre que le bien être de son pays l’Algérie?

A bon entendeur

 

Docteur Rafik Alloui

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