Tebboune a-t-il raté sa chance ?

La tâche relève du miracle pour se débarrasser de tant de « taches. »

Ce que l’opinion reproche à Abdelmadjid Tebboune, l’ancien premier ministre et actuel candidat aux présidentielles pourrait commencer par son effacement et son lourd silence depuis la naissance de la révolte populaire un certain 22 février.

Il n’a soufflé aucun mot , aucune prise de position, aucune déclaration publique alors que des millions d’algeriens s’étaient élevés contre ce même système qui l’avait humilié et débarqué au bout de deux mois à la tête du gouvernement.

Tebboune donnait l’image d’un homme  » non concerné  » , lui qui avait connu de près et subi le régime de Bouteflika.

Comment pouvait-il se permettre un tel détachement face à une situation de laquelle ne peuvent se soustraire les esprits responsables ?

Il était l’un des mieux placés pour apporter un soutien au peuple qui criait sa colère.

Ce silence, aujourd’hui, la candidature de Tebboune pourrait sérieusement en souffrir.  D’autant que les algériens se sont révélés à la faveur de ce hirak , fins analystes de la chose politique et conservent une mémoire assez développée pour ressortir les parcours des uns et des autres.

On reproche également à Tebboune son excès de zèle en faveur de Bouteflika et il est retenu contre lui, sans aucune forme d’appel, son fameux serment, jurant par Dieu trois fois , prenant à témoin l’opinion publique que  » le programme de son excellence Abdelaziz Bouteflika ne s’arrêtera jamais . Au grand jamais  » .

Serment fatal de la part d’un homme qui n’avait pas eu le réflexe de la prudence et de la modération.

Il s’est politiquement condamné par lui même et sous serment.  Était il contraint d’engager un tel serment ?

Un homme au parcours aussi fourni qui fait table rase de toutes prévisions et projections sur l’avenir irait-il jusqu’à laisser croire que la vie d’un peuple et d’un pays allait reposer sur les faibles épaules d’un président que l’ex premier ministre pensait éternel ?

Non . Tebboune a commis de graves erreurs de positionnement.  Des erreurs encore plus lourdes en matière de communication.

Avant d’avancer sur le nouvel échiquier, il devra réussir le miracle d’effacer ou du moins s’expliquer sur cette méprise qui allait plomber son avenir en tant que prétendant à la magistrature suprême.

Tebboune est fatalement appelé à rencontrer un nouveau peuple.  Celui de l’après 22 février.

Sa lutte contre les oligarques ne suffira guère à convaincre tant qu’ il a accepté de finir comme  » victime silencieuse  » se complaisant dans cette posture dont il compte d’ailleurs tirer profit aujourd’hui pour se présenter comme un homme qui a fait face à la puissance d’un régime.

Non. Tebboune aurait pu faire de la résistance, prendre l’opinion à témoin, tenter de s’expliquer.  Il n’en fut rien . Il a raté l’occasion d’être un frondeur.  Un héros.

L’Algérien est plus tenté de voter pour un résistant plutôt que pour une victime.

Mission difficile…

ABN

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