Soupçons de fuite de capitaux: Mokrane Ait Larbi a t il parlé trop vite?

Mokrane Ait Larbi a sûrement raison de s’inquiéter et d’alerter l’opinion publique sur les soupçons de fuite de capitaux  qui seraient observés ces derniers temps en pleine crise politique !

Ce serait l’oeuvre d’hommes d’affaires à la richesse douteuse et de politiques véreux qui commencent à paniquer . Sauf que Mokrane Ait Larbi semble avoir parlé trop vite même si comme il le fait savoir , c’est un banquier qui l’a informé de ce mouvement de capitaux dans lequel des privilégiés du système seraient en train d’échanger leurs milliards de dinars contre des euros sur le marché parallèle de la devise .

Avocat à l’excellence reconnue et militant des causes justes à l’honnêteté indiscutable , Mokrane Ait Larbi a dans ce dossier, soit été induit en erreur par un banquier à l’incomptence avérée, soit qu’ il ne connaît pas suffisamment les mécanismes d’un tel phénomène lié aux transferts illicites .

Techniquement et en pratique , il est quasiment impossible à un banquier de mettre à la disposition de tout client , quelle que soit son influence des sommes d’argent en liquide à coup de milliards dont souvent les agences bancaires ne disposent pas forcément . Tout comme il n’est guère possible au banquier de connaître ou de certifier la destination et l’usage de l’argent mis à la disposition du client . A moins que le banquier ne soit un détective avisé .

En pratique si l’on consent à accorder du crédit à ce banquier informateur un tel niveau de fuite de capitaux pourrait être immédiatement perceptible sur le marché . Il produirait un effet immédiat sur les cours qui se traduiront par une envolée spectaculaire où l’euro flamberait gravement . Or, à ce jour ,il s’échange entre 21.70 et 21.75 et aucune ruée ou pression n’a été relevée sur le marché .Autrement dit face à des mouvements de capitaux suspects ou anormaux l’effet de change jouerait comme un dénonciateur fiable . Ce qui n’est pas le cas pour l’instant .

Il faut également mentionner que dans les faits , un homme d’affaires à la puissance avérée dispose de ses propres réseaux pour acheter la devise loin des regards et sans prendre de risques . Le meilleur moyen de le faire consiste à acheter ses devises directement à l’étranger , chez des Algériens établis là bas et qui  font office de cambistes offshore . Cette pratique est la plus discrète et la plus courante .

Le banquier ne le sait peut être pas mais il serait plus avisé par contre de surveiller les opérations d’importations qui sont soumises à son examen car bien souvent elles sont assorties de transferts illicites de devises agrémentées de sa propre signature .

Dans la pratique , tout au long de l’année et avec la complicité bienveillante des pouvoirs publics à travers des textes de loi conçus en la matière, la saignée du pays en devises sortantes est d’un tel niveau que seule la collaboration des établissements bancaires étrangers pourrait un jour parvenir à nous éclairer sur son étendue .

 

Karim Alem

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