Pourquoi Ali Haddad ne soutient pas Rebrab: Les dessous d’un conflit et raisons du blocage

S’en prendre à Ali Haddad équivaut à une attaque vouée à l’échec, tant l’homme d’affaires jadis parfaitement anonyme et effacé , a gagné en puissance et prouvé son influence . Haddad est de l’avis général plus puissant que la loi , du moins celle d’aujourd’hui et plus influent que tous les ministres réunis. Il l’a déjà montré.

D’où tient t il toute cette super-puissance et qu’est ce qui l’a propulsé au sommet d’une hiérarchie non écrite et non conventionnelle ? Au début des années 2000 son nom tout comme celui de ses entreprises étaient très peu connus . Vaguement, certains initiés, entendaient parler de ce nom alors que beaucoup ne connaissaient guère le visage de celui qui allait devenir une dizaine d’années plus tard , l’homme d’affaires le plus puissant en Algérie.

Et aussi le plus intriguant vu son ascension fulgurante et le poids de ses activités en raflant l’essentiel des marchés les plus juteux et des plus colossaux dans les travaux publics . En l’espace de quelques petites années son groupe ETRHB devient l’acteur clé dans son secteur .

Et commence alors son inscription en tête des entreprises algériennes qui  collectionnent les marchés aussi bien dans la construction des routes que dans la réalisation des barrages et autres infrastructures stratégiques.

Quand Rebrab parraine Haddad

A l’époque pourtant, début des années 2000 , Alors que le FCE était dirigé par Omar Ramdane et une équipe de managers issus aussi bien du secteur privé que du public, Ali Haddad commence à se montrer timidement pour gagner une petite place dans l’illustre organisation patronale.

 Il est vrai que sous le règne de Omar Ramdane et ensuite celui de Reda Hamiani le Fce était une organisation patronale digne de l’envergure des entreprises qui la composaient.  Une véritable force de proposition et de persuasion avec laquelle l’économie algerie pouvait compter .

A cette époque, seule l’envergure comptait et l’intelligence économique était mise en avant pour amener les pouvoirs publics à composer avec les suggestions réfléchies du FCE . Haddad n’avait ni poids et encore moins d’envergure pour prétendre à une quelconque prise de position  ou autre proposition dont il serait à l’origine. Il ne faisait que suivre la vague .

 Suivant une philosophie d’encouragement du progrès et de l’effort , le FCE de l’époque avait eu la brillante idée d’organiser chaque année une sorte de compétition qui débouchait par l’élection du meilleur manager de l’année.

 Ce dernier pouvait être issu aussi bien du secteur public que du privé. Un jury composé de membres du FCE étudiait les réalisations de certains managers suivant des critères objectifs ayant trait au développement et à la croissance réalisée dans leur entreprise . Ceux qui sont nominés pour être élus finiront par faire l’objet d’un examen minutieux de la part du jury lequel a le libre accès aux informations devant ensuite servir comme base d’appréciation.  Au terme de quoi le meilleur manager de l’année est élu.

Ainsi on se rappellera de Ali Aoun président de Saidal, Le défunt Benouis patron d’air Algerie et d’autres noms tels Issaad Rebrab ou Farouk Bouyacoub ancien patron de la Badr banque qui ont eu l’honneur de décrocher ce titre .

Quelques temps après, le nom de Ali Haddad sera proposé par un membre influent du jury qui tenait à ce que le patron de l’ETRHB soit nominé afin qu il puisse lui aussi être propulsé comme meilleur manager de l’année. Ironie du sort , l’homme qui s’est investi dans cette voie et qui a tout entrepris afin de sortir haddad de l’anonymat et de le propulser aux devants de la scène , n’était autre que le patron de Cevital.

Prix spécial du jury pour haddad

Juillet 2003, Ali Haddad décroche le prix spécial du jury et le nom de son groupe commence à faire son chemin . Ses engins et bulldozers feront le reste pour écraser toutes les rumeurs autour de ses parrains . Les moteurs de haddad se font entendre sur les plus grands chantiers.  Une référence, un quasi -monopole et une puissance ! Celui que Rebrab a parrainé deviendra quelques années plus tard le premier patron du pays .

A la tête du FCE il trône en maître et dirige l’organisation tel un appareil de l’Etat dont l’influence dépasse beaucoup d’institutions officielles. Il est considéré aujourd’hui comme un acteur majeur qui a son mot dans l’architecture politique du pays et il le montre d’ailleurs bien. Il engage souvent des discussions officielles avec des interlocuteurs étrangers qui ne sont pas souvent des parties du monde du business.

Haddad jouit d’un capital confiance que lui manifestent ses soutiens . Il devient une partie intégrante du système.  Il en est désormais une pièce maîtresse.  Son amitié avec le frère du Président, Said Bouteflika confère à Ali Haddad un statut qui fait de lui un  intouchable au sens plein du terme . Ses affaires irriguées presque en totalité  par des concours bancaires dénotent du privilège de celui qui gagne un kit de business de rêve : le marché, l’argent du marché et la garantie de résultat.

Il serait naïf de croire qu’il puisse faire l’objet d’une quelconque poursuite judiciaire comme le laissent entendre certains articles de presse. Le patron de L’ETRHB qui a eu raison de la puissance d’un premier ministre , Abdelmadjid Teboune ne s’est guère gêné pour qualifier ce dernier de « prédateur » .

Mieux encore on se rappellera que l’opinion publique avait été prise à témoins dans ce conflit entre un premier ministre dépositaire d’une puissance officielle et d’un homme d’affaires qui puise son influence d’une proximité avec les vrais cercles de la décision.  Ceux qui ont justement désigné puis limogé Tebboune.

Même les mises en demeures émanant du ministère de la défense nationale et qui furent publiées par la presse, oû les entreprises  de haddad sont sommées de respecter les clauses du marché sous peine de sanctions finiront par tomber . Sans effet. Haddad en sortira vainqueur.

Comment pouvait il en être autrement pour un homme pleinement engagé dans le système et dont les affaires engagent â flots incalculables des crédits bancaires qu’il serait hasardeux de bousculer ?

le fce lâche Cevital

Quand Ali haddad répond indirectement à rebrab par rapport au dossier de trituration dont les équipements sont interdits de débarquement dans tous les ports algériens, il régle également ses comptes avec le patron de Cevital . Il enfonce le clou en jugeant que Rebrab n’aurait pas respecté les lois en matière d’investissement.  Haddad n’avait guère eu besoin de citer ces textes que Cevital aurait contournés.  Il sait fort bien qu’ils n existent point et sait également que son rôle de patron du FCE voudrait naturellement qu’il prenne la peine d’essayer de soutenir un homme d’affaires qui souffre de blocages.  Il ne le fera jamais tant que le bloqué s’appelle Rebrab et que le projet de la trituration prend une dimension politique .

Un concurrent de Cevital tapi dans l’ombre tire les ficelles avec l’appui de certains décideurs. Si le projet de Cevital  se réalise, il y a un risque financier reel pour certaines banques publiques qui ont financé à flots perdus le concurrent de rebrab .

La trituration que cherche à réaliser Cevital pourrait mettre en péril ces banques publiques piégées par un co-financement dont on dit qu’il a été surestimé.  Et mal étudié . Cela personne ne le dira . Ni le président des services portuaires et encore moins celui du FCE.

Abdelkrim Alem

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