L’opposition des…haricots.

L’histoire des haricots et des lentilles, on en a fait tout un plat.

Des produits alimentaires tels le blé ou les légumes secs sont parfois classés au même niveau que les produits de guerre.

Sur cette catégorie de denrées, aucun faux pas n’est admis. Il y va des équilibres politiques de toute la nation. On ne peut se permettre la moindre tension quand il s’agit d’aliments de première nécessité .

La rigueur impose d’ailleurs de disposer continuellement d’un niveau de stock minimal qui ne saurait être inférieur à 6 mois de consommation. Une règle capitale pour parer à toute urgence, en cas de perturbations mondiales, de conflits , épidémies ou catastrophes naturelles.

Depuis que les hautes autorités du pays ont décidé de reprendre la main sur l’importation des produits alimentaires de base dont les légumes secs, les barons de l’import ont actionné leurs relais pour crier au scandale. À la pénurie. Mais surtout à la flambée des prix.

Cette catégorie d’importateurs qui a longtemps profité d’un marché juteux ne se lasse point pour chercher à semer la panique. On mobilise les relais. Et on déploie toute une machine de propagande.

Le but étant d’amener les pouvoirs publics à reconsidérer leur décision.

Si pour le simple citoyen , l’enjeu se réduit à la petite assiette, l’importateur lui, évalue ses enjeux en centaines de milliers de dollars.

Il est utile de rappeler que la filière d’importation des légumes secs est bien souvent source à suspicion de fraude. La nature spécifique de ces produits classés au chapitre des privilèges fiscaux et douaniers a permis à certains de se livrer à de vastes opérations de surfacturation et de transferts illicites.

C’est ce qui avait d’ailleurs provoqué à un moment donné l’importation de volumes dépassant de loin les besoins locaux. L’essentiel étant de justifier le transfert de devises sous couvert d’importations «utiles».

Le marché domestique se retrouvait inondé . Et les prix à portée de tous. En réalité, il y avait bradage, voire dumping car le souci majeur de l’importateur n’était pas de dégager une marge bénéficiaire. Il cherchait surtout à reconstituer ses dinars afin de relancer d’autres importations . Le véritable gain étant dans l’opération de change qu’il réalise.

Au delà de ces manœuvres , la problématique qui se pose aujourd’hui sur la table des pouvoirs publics , consiste à situer la véritable dimension du marché domestique. Quel est réellement le niveau des besoins intérieurs en matière de légumes secs ?

Sans une réelle maîtrise des statistiques et de production d’informations fiables , la politique qu’entendent mener les pouvoirs publics pour asseoir ce cher principe de sécurité alimentaire risque en effet de passer par des périodes de flottement inévitables.

La clé de la démarche étant dans la fiabilité des chiffres , les niveaux d’équilibres entre l’offre et la demande, deux éléments fondamentaux qui restent encore à définir.

La transition qui s’opère en retirant le marché des mains du privé pour le confier au monopole de l’entité publique , l’OAIC, va inéluctablement produire une phase de perturbations. Elle pourrait même profiter aux détenteurs des fortunes non identifiées pour siphonner le marché et faire des légumes secs un marché… à sec.

Il faut parfois oser les vérités : sur certains aspects stratégiques , le privé ne doit et ne peut  se substituer à l’État.

A.A

 

 

 

 

 

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