L’alerte en danger: Prison au bout de la plume!

De quoi tenir une réunion de rédaction et improviser un spectacle ! La prison algérienne a reçu du beau monde ces derniers jours ! Des journalistes et des artistes ! Un bouquet culturel cueilli sur une toile  dont le fond demeure encore  flou malgré tout ce qui est dit autour de ces arrestations dont les conditions ont choqué l’ensemble des algériens.

Menottés, les artistes et journalistes arrêtés ont dû subir l’humiliation d’un matraquage par l’image renvoyée en boucle par la chaîne de télévision Ennahar . Artiste jusqu’au bout de la douleur, on aura vu Kamel Bouakkaz s’offrir un large sourire face aux caméras qui le suivaient . Par delà les faits et griefs à l’origine de ces arrestations, des interrogations se posent quant à cette dérive qui a conduit à la violation des droits à l’image de personnes censées être innocentes jusqu’à ce que leur culpabilité soit établie.

Qui a laissé faire? Et dans quel but? Il n’est point question de discuter le cours et la décision des juges mais plutôt de relever l’indignation générale provoquée par le « film » des images crée tout autour de cette affaire .

D’autant qu’il s’agit de personnes au statut public bien établi qui aurait dû recommander une certaine retenue de la part de ceux qui ont osé une médiatisation tapageuse .

Des journalistes bien connus pour leur audace professionnelle , même si celle ci pourrait être un tant soi peu sujette à débat, se sont vus condamnés pour des faits aussi imprécis qu’ équivoques.  Il est répandu un peu partout que les griefs retenus contre eux seraient liés à une sombre affaire d’extorsion de fonds et de diffamation.

Pourtant, ce sont bel et bien des écrits journalistiques qui leur ont valu cette spectaculaire arrestation. Leur qualité de journaliste ne peut être occultée dans ce dossier qui nourrit néanmoins une belle controverse et repose les limites de cette frontière-piège entre le libre exercice de l’acte d’informer et celui du délit de diffamer.

La constitution du pays consacrant sans équivoques ce droit pour la liberté des médias, se pose alors la problématique des outils d’appréciation et de jugements des actes et écrits journalistiques que les professionnels, hélas désorganisés et divisés auraient pu définir dans un cadre légal et organisé afin de juger les leurs . Toujours est il , l’emprisonnement de journalistes est synonyme d’étouffement et de répression . Il y a selon beaucoup d’observateurs une volonté de faire taire.  De faire peur toutes voix qui se risqueraient dans l’aventure en quête de vérité. Le coup est dur pour la corporation qui ne sait plus comment évoluer dans ces labyrinthes . Ils sont pour l’heure quatre hommes de médias à croupir en prison . Parmi eux un certain Said Chitour qui attend son jugement depuis plus d’une année.  Aux dernières nouvelles son état de santé se serait aggravé. Ce qui rappelle le triste épisode de Mohamed Tamalt, cet autre journaliste qui a perdu la vie il y a moins de trois années, alors qu’ il était incarcéré. Aujourd’hui, au lendemain de la célébration de la journée nationale de la presse , la liberté d’expression demeure encore coincée entre la volonté de faire peur et celle de se faire manipuler.

AbdelKrim ALEM

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