Crise politique : Qui a peur des vraies solutions ?

par docteur Rafik Alloui

 

Le panel de monsieur Karim Younes vient de déposer son rapport auprès du chef de l’Etat intérimaire le 8 septembre 2019, après nous dit-on deux mois de tractations avec ceux qui ont accepté l’invitation et ceux qui se sont fait inviter.

Ce rapport semble contenir non pas des propositions pour amender la loi électorale et déterminer le cadre général de l’instance électorale indépendante qui devrait se charger de l’organisation et le contrôle des élections présidentielles, mais carrément des projets de lois que le chef de l’Etat intérimaire a soumis immédiatement à l’approbation du conseil ministériel le lendemain 9 septembre 2019.

Il s’emble évident que le panel a obéi à l’impératif d’urgence pour l’élection d’un président de la république en se substituant au chef de l’Etat et au gouvernement seuls habilités à soumettre des projets de lois et de décrets à l’assemblée populaire nationale pour discussion enrichissement et approbation.

Cet état des faits est contraire même à son propre rôle de dialogue et de médiation « d’interface comme l’a qualifié son président » entre l’Etat et le mouvement populaire « hirak » qui devrait se limiter à soumettre des propositions recueillies auprès de ses interlocuteurs.

Le comble, c’est que le chef de l’Etat intérimaire a non seulement accepté et approuvé les projets de lois du panel, mais il a chargé son président  a entamer des consultations au vu de désigner les membres de la dite instance indépendante électorale, en faisant fi de la procédure législative qui devrait être respectée en saisissant le parlement avant l’approbation du rapport pour mettre en place une règlementation qui détaille les missions et même les profils de ses membres.

Il semble que la préoccupation majeure de l’organisation des élections présidentielle au plus vite quel que soit le prix,a prévalu au dépend des procédures légales.

Mais en ma qualité d’Algérien faisant partie de l’élite bien avertie, j’ai le droit d’avoir des appréhensions car dans  plusieurs cas de transition démocratique, les premières élections n’ont, le plus souvent, pas garanti l’objectif  d’une vraie démocratie.

Les différentes expériences de transition démocratique dans certains pays n’ont pas vraiment abouti à un effondrement total des anciens régimes.

Certaines anciennes figures ont pris de nouveau le dessus de la scène politique et cela grâce et par le biais d’élections libres. Pour éviter ces cas de figures, les questions suivantes méritent réponses :

Peut-on considérer que les élections seules peuvent garantir la transition démocratique ?

 

La légitimité électorale est-elle suffisante pour rendre effective et consolider la transition démocratique?

 

Comment peut-on éviter l’instrumentalisation politique qui peut porter atteinte aux libre choix?

Quel rôle jouent les acteurs politiques, la société civile, les médias, les organisations syndicales etc.?

 

 Comment peut-on consolider ce processus de démocratisation et par quel moyen arrive-t-on à le renforcer et à le maintenir ?

 

A l’image de ce qui s’est passé en Tunisie, j’appelle mes collègues chercheurs en sciences sociales, sciences politiques et autres disciplines, à répondre à ces questionnements lors d’un colloque qui pourrait être organisé sous l’égide de l’une de nos  universités.

Les objectifs de ce colloque pourraient être :

Comprendre les différentes expériences des transitions démocratiques à travers la saisie comparative de leurs spécificités réciproques.

Analyser et  comprendre les enjeux politiques et sociaux qui traverse le processus de la transition démocratique.

Saisir l’enchevêtrement multi- forme de la question transitoire (élection, procédures juridico-légales, culture politique, facteurs socio-historique, etc.)

Ces objectifs seront menés à travers l’investigation des thèmes qui seront déterminés au préalable.

A bon entendeur…

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