Crise politique : manipulation autour des vraies solutions

Par docteur Rafik Alloui

Le 10 mars 2019, moins d’un mois du début du hirak,j’avais publié un article dans ce même journal intitulé « Plan de gestion de crise : l’armée nationale populaire élément clé de mise en œuvre ».

J’avais évoqué  quatre facteurs d’alerte  dont il faut tenir compte car  si un seul d’entre eux est présent, il constitue à lui seul, un élément suffisant pour  provoquer une crise dans un pays ou une organisation.

Ces facteurs sont déterminés par Didier Heiderich président de l’Observatoire International des Crises (OIC), fondateur du Magazine de la Communication de Crise sensible et enseignant aux universités et grandes écoles.

 

Il est l’un des pionniers de la gestion des enjeux sensibles, de la communication et la gestion de crise en Europe.

Malheureusement ces quatre facteurs sont réunis en Algérie provoquant une crise inédite jamais vue.

Ces facteurs sont :

1/ L’ignorance volontaire de certains signes avant-coureurs : comme la situation catastrophique sur tous les plans des quatre mandats de  Bouteflika.

 

2/ La normalisation de la déviance : instaurée chez nous par une certaine presse et clans rattachés au pouvoir qui ont profité de la situation depuis vingt ans.

 

3/ La présence de croyances ou d’idéologies infondées : consacrées chez nous par des opportunistes qui ont eu une main mise depuis longtemps sur les vrais partis de croyances démocratiques.

 

 4/ L’aveuglement volontaire ou de l’arrogance : pratiquée chez nous par des hommes au pouvoir depuis vingt ans.

 

Ces facteurs ont provoqué une crise politique inédite jamais vue en Algérie et , de ce fait tout le peuple algérien par millions , sort  dans la rue tous les vendredis depuis le 22 février 2019.

 

Leur revendication est claire : ce n’est pas juste le rejet de la candidature de  Bouteflika mais surtout et principalement un changement radical du système et l’instauration d’une Algérie libre et démocratique.

 

J’avais mentionné dans ce même article que devant l’existence d’une crise, on doit choisir entre les trois stratégies que l’on peut utiliser lors d’une gestion crise :

 

1/ la reconnaissance : c’est-à-dire l’acceptation de cette revendication populaire.

 

2/ le refus et le projet latéral : c’est à dire modifier l’angle de vue en proposant des solutions pour maintenir un fait accompli.

 

3/ déplacer la crise vers d’autres préoccupations par le doute et l’amalgame.

 

Aujourd’hui on va boucler 9 mois de revendication populaire ou chaque vendredi le peuple Algérien sort pacifiquement dans les rues de tout le pays pour revendiquer une Algérie libre et démocratique.

Malheureusement, c’est la stratégie numéro 2 qui a été mise en place en l’occurrence : le refus et le projet latéral, c’est à dire modifier l’angle de vue en proposant des solutions pour maintenir un fait accompli.

 

Cette stratégie se caractérise par :

1/ le maintien du chef d’Etat intérimaire contrairement à l’article 102 de la constitution qui ne lui donne que 90 jours pour organiser les élections présidentielles.

 

2/ le maintien du gouvernement qui a échoué dans l’organisation de ces mêmes élections prévues le 4 juillet 2019.

 

3/ la mise en place d’un panel de dialogue qui n’a pas engagé un véritable dialogue qui aurait pu baliser le chemin d’une transition consensuelle qui consolide la démocratie dans un Etat de droit.

 

4/ la mise en place d’une instance électorale proposée par le panel de dialogue qui n’a ni la qualité ni les prérogatives et de surcroit sans une large consultation.

 

Cet état de faits a engendré 5 candidats issus du même système rejeté par le peuple et a provoqué un sentiment de fait accompli.

Dans ce même article j’avais précisé que scientifiquement prouvé, une crise a sept étapes chronologiques :

 

1/la situation préalable : présence de signes avant-coureurs

2/ la cristallisation : le début de malaise social

3/ le point de rupture où la crise débute officiellement

4/ la phase d’impacts où l’organisation subit les contrecoups de la crise,

5 la phase cinétique, l’équilibre où les choses commencent à s’améliorer,

6/ la phase ou la crise se dégénère pour engendrer une sur-crise

7/ la phase de réparation ou de destruction dans le cas d’une sur-crise.

 

Actuellement, la crise dans notre pays est au point 6 c’est à dire la phase ou la crise se dégénère pour engendrer une sur-crise.

Ce qui est souhaitable, c’est que la crise revient au point cinq, c’est-à-dire la phase cinétique, l’équilibre où les choses commencent à s’améliorer.

Cela ne pourrait se faire que si on met en place une stratégie et un plan opérationnel de gestion de crise pour accepter et reconnaitre les revendications populaires.

Eviter d’arriver au point sept c’est-à-dire la phase ou la crise se dégénère pour engendrer une sur-crise par l’escalade auxquelles appellent des personnes surtout à partir de l’étranger pour lesquelles on a donné l’occasion inespérée pour jouer aux leaderships du hirak.

 

Les uns appellent pour une escalade graduelle, les autres appellent à bruler les bureaux de votes, et les deux cherchent le chaos et se préparent pour mettre en place une direction pour, disent-ils,assurer et conduire la transition qui assouvira leurs soif de leaders ,longtemps attendu.

 

Eviter d’arriver à cette phase de réparation ou de destruction dans le cas d’une sur-crise par la force et la répression est une nécessité et un devoir patriotique de tout le monde, et surtout de notre armée nationale populaire qui doit être non seulement l’obstacle pour empêcher d’arriver aux points suscités, tant souhaité par les ennemis historiques de notre pays, ainsi que les opportunistes qui ne cherchent que l’occasion pour monter au créneau.

Cela ne peut être garanti que par la mise en œuvre d’un plan de gestion de crise pour la reconnaissance : c’est-à-dire l’acceptation de cette revendication populaire

Pour créer un plan de gestion de crise, il faut procéder par les étapes connues par les spécialistes dont évidement comme étape principale : l’identification des acteurs à impliquer dans le processus.

Ces acteurs ne pourraient être autres qu’une élite issue de jeunes manifestants universitaires, et intellectuels technocrates ainsi que des compétences nationales longtemps marginalisées.

Ces acteurs seront sollicités pour assurer une transaction en douceur et assurer la naissance d’une nouvelle république.

A bon entendeur

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