Covid19, Hirak et tension économique: l’Algérie face à elle même…

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a averti lundi 3 mars que l’épidémie de Corona Virus, Covid-19 pourrait faire chuter la croissance mondiale à 2,4 % en 2020, à son niveau le plus bas depuis les crises financières de 2008-2009, contre 2,9 % en 2019.

 

Elle appelle les pays à coordonner leurs actions et à soutenir l’activité.

Si le coronavirus se propageait en Asie-Pacifique, en Europe et aux Etats-Unis, la hausse du produit intérieur brut (PIB) mondial pourrait même tomber jusqu’à 1,5 % en 2020.

Dans le contexte de la propagation de l’épidémie du Corona Virus, la croissance de la Chine devrait s’établir à 4,9%, soit un recul de 0,8%, entraînant dans son sillage toutes les grandes économies du monde, avertit l’OCDE.

Qu’en est-il de la situation en Algérie ?

D’après les notes de conjoncture de la Banque d’Algérie, les réserves de change de notre pays sont passées de 179 milliards de dollars fin 2014, à 62 milliards en décembre 2019.

Les volumes d’exportation des hydrocarbures, seule source de devises du pays, présentent en recul inquiétant passant de 68,80 dollars le baril (prix du panier de référence de pétrole brut de l’OPEP (ORB)à 21,27 (le 27/03/2020) dollars soit plus de trois fois moins.

 

L’effondrement du prix du pétrole et la pandémie du Corona Verus sont donc les deux facteurs qui ont ébranlé l’économie mondiale et touchent de plein fouet notre pays déjà en situation très difficile.

 

Avant cette chute brutale du pétrole, aggravée par la pandémie du Corona Virus, le ministre des financeS a annoncé lors de la présentation du projet de la loi de finance devant les députés que :
« Le déficit du budget de l’État était de 1.533 milliards de dinars (11,7 milliards d’euros, soit 7% du PIB), alors que celui du Trésor s’élevait à 2.435 milliards de dinars (18,4 milliards d’euros, soit 11,4% du PIB), annonçant l’éventualité d’un recours à la planche à billets et à l’endettement extérieur ».

Le taux de chômage quant à  lui, qui dépasse déjà les 11%, risque de connaître une hausse importante, avancent certains experts algériens.

Quelle solution pour l’Algérie ?

Sur le plan économique l’Algérie a des chances de s’en sortir si elle instaure une vraie démocratie et prend comme exemple le « New Deal » (ou « Nouvelle donne ») qui est le nom donné à la politique mise en place dans les années 1930 aux Etats-Unis pour faire face à la crise économique de 1929.

Cette politique a été mise en place par le président américain Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) en plusieurs phases entre 1933 et 1938.

En 1933, à cause d’une crise économique et d’une dépression sans précédent, la production américaine avait baissé de moitié par rapport à 1930, les prix agricoles de 25% à 50% et le chômage atteignait un quart de la population active.

Les origines de la crise qui découlait directement de celle de 1929 étaient attribuées à l’instabilité inhérente des marchés.

Si les Etas unis ont réussi à se sortir d’une crise mondiale égale à celle que nous vivons aujourd’hui c’est grâce à sa démocratie.

Nous avons conclu le précèdent article paru dans le même journal intitulé « La société économique : quel rôle dans la transition » que :

« Dans une économie mondiale intégrée où des crises financières dans un pays ou une région risquent de plus en plus de s’étendre à l’ensemble de la planète, la démocratie, dans son acception la plus large et la plus approfondie représente la meilleure garantie contre l’instabilité économique, au niveau aussi bien national qu’international ».

 

Effectivement, dans un modèle démocratique, l’exécutif peut être amené à ne pas prendre les décisions économiques sous l’influence de groupes de pression.

Plusieurs auteurs notamment Acemoglu et Sen, considèrent que la démocratie favoriserait la croissance économique grâce au système redistributif

Certes l’Algérie vit aujourd’hui une transition pour instaurer une démocratie selon le discours officiel, mais la transitologie qui est une discipline et domaine de recherche en sciences politiques permet schématiquement de faire la distinction entre les transitions par le haut,pactées ou par le bas.

Nous repelons encore une fois les définitions de ces trois mode de transition :
1/ Les transitions par le haut : sont dominées par les élites au pouvoir. Lorsque les élites au pouvoir parviennent à contrôler les modalités de l’ouverture et à imposer leur configuration pour le futur régime, on parle de transition imposée par le haut.Ce qui n’est pas bon pour notre pays car cela maintiendra le même système politique.

2/ Les transitions pactées : les élites au pouvoir doivent souvent composer et négocier avec les élites de l’opposition et de la société civile, on parle alors de transition pactée. Ce qui n’est pas bon non plus, car elle engendrera à terme une résistance pour les mêmes effets que la première.

3/ La transition par le bas : Est un mode de transition axé sur le jeu des acteurs de la transition, opérants sur cinq espaces « arènes».

 

C’est Juan Linz, qui l’a proposé dans un ouvrage collectif qu’il a dirigé avec son camarade Alfred Stepan« Problems of Democratic Transition and Consolidation » à travers l’étude de quatorze cas différents de pays qui ont connu des expériences de transitions démocratiques.

Les auteurs ont fini par poser un nouveau paradigme d’analyse de la transition menant vers une démocratie consolidée.

Cette mode de transition avec laquelle ont réussi de nombreux pays à instaurer une véritable démocratie consolidée, pourrait être bonne à appliquer dans notre pays car cela implique l’ensemble des acteurs à jouer un rôle et engendre un consensus.

Nous avons expliqué cela dans une série d’articles parus dans le même journal.

Malheureusement, notre pays a jusqu’à maintenant mis en pratique la transition par le haut, ce qui à mon avis a provoqué un sentiment de vouloir maintenir le même système.

Ce qui a fait durer le décrochage citoyen plus d’une année, susceptible d’aller au-delà après le confinement sanitaire imposé par le corona virus.

Cette transition par le haut est constatée encore une fois, la pratique des autorités issues des élections présidentielles du 12/12/2019 qui ont continué dans le même mode de transition par le haut en élaborant une constitution sans débat préalable par les acteurs du bas.

Cette action vient s’ajouter à :

1/La reconduction du mandat de Monsieur Bensalah qui est arrivé officiellement à son terme en vertu de l’article 102 de la constitution.

2/ Un panel qui a engagé un semblant de dialogue sans réussir un consensus,

4/ Une autorité électorale mise en place par une loi élaborée et proposée par ce même panel contrairement aux procédures règlementaires qui veulent que seul le gouvernement ou le parlement ont le droit de proposer des lois et textes réglementaires.

De suroit, cette loi a été approuvée à la hâte, par le parlement

Voudrait-on aller réellement vers une démocratie ?

A bon entendeur

Docteur Rafik Alloui

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