Anniversaire du hirak : La liberté en marche

Le 22 février 2021 marquera le deuxième anniversaire du déclenchement du mouvement populaire pacifique en Algerie« Hirak », qui a eu lieu le 22 février 2019 pour protester dans un premier temps contre la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat présidentiel, puis contre son projet, également contesté de se maintenir au pouvoir à l’issue de son quatrième mandat dans le cadre d’une transition et de la mise en œuvre de réformes.

Par la suite les manifestants réclamèrent le départ des dignitaires du régime et l’instauration d’une Algérie libre et indépendante.

Ces manifestations, qui ont essentiellement lieu les vendredis et mardis, conduisent Bouteflika à démissionner le 2 avril 2019. Des oligarques et des dignitaires du régime, dont Saïd Bouteflika, et de nombreux ministres, dont les anciens chefs de gouvernement Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, sont arrêtés et condamnés par la justice.

Élu lors du scrutin de décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune amorce une réforme constitutionnelle qualifiant le Hirak de béni en promettant la satisfaction de ses revendications.

Cependant, les marches habituelles se sont poursuivies, mais la pandémie de coronavirus survenue au début 2020 conduit à les ralentir puis à les suspendre.

Durant l’ensemble des manifestations pacifiques, qui sont restées horizontales malgré les tentatives de récupérations, nombreux sont les slogans qui convergeaient tous vers une revendication principale scandée à très haute voix « echaab yourid el estiklal » « le peuple veut l’indépendance ».

Ben Yacine-Touré dans son « ouvrage l’épreuve de l’indépendance » dit :« L’indépendance n’est pas une fin en soi, mais un moyen de libération nationale,un moyen de libération de l’Homme. ».

Après plus d’une année de revendications, chaque Algérien demande à travers ce slogan à être libre et indépendant pour choisir les hommes intègres qui peuvent le conduire vers une nouvelle république où il peut vivre dans un État de droit.

Le peuple Algérien en a assez d’être conduit là où il ne veut pas, selon des agendas ou des feuilles de route préconçus. Il en a marre de voir sa volonté spoliée.

En fait, le peuple  demande en clair, à travers ce slogan, une indépendance réelle pour l’exercice d’une souveraineté réelle où tout un chacun se reconnait dans le choix démocratique qu’il estime le mieux pour une Algérie prospère.

Nombreux sont les acquis obtenus jusque-là, mais la revendication la plus importante n’est pas encore acquise : la libération du peuple Algérien.

Alain Renaut, dans son article paru dans la revue cairn.info intitulé : Qu’est-ce qu’un peuple libre ? Libéralisme ou républicanisme dit « un peuple libre est d’abord un peuple dont les citoyens voient leurs droits fondamentaux garantis par un État de droit ».

Il ajoute par ailleurs : « il n’y a pas de peuple libre ni d’institutions qui puissent garantir définitivement cette liberté : c’est par un contrôle permanent et un effort quotidien qu’un peuple organisé doit lutter contre les despotismes de la majorité et de la minorité, par une éducation des citoyens et par un contrôle des dirigeants et des éducateurs par ces mêmes citoyens. Il nous faut entrer dans ce cercle. »

Le peuple Algérien veut entrer dans ce cercle par l’instauration d’un Etat de droit dans une Algérie libre et démocratique où ses dirigeants et les éducateurs de sa composante citoyenne qui ne sont autres que les partis politiques, doivent être contrôlés en permanence par ces mêmes citoyens.

Avec un peu plus d’une année de manifestations pacifiques, sans qu’il ait besoin de tuteur, le peuple Algérien a su se faire entendre.

A- t-il besoin davantage de temps pour se faire entendre encore ? Sachant que sa détermination pour l’obtention d’un Etat de droit où il sera libre et indépendant était clairement affichée.

Les institutions prônées par le président de la république Abdelmadjid Tebboune lors de son discours du 18 févier 2021 peuvent-elles garantir définitivement cette liberté du peuple Algérien sans que l’en puisse lui permettre le contrôle permanent de ses dirigeants et de ses éducateurs ?

A bon entendeur…

Docteur Rafik Alloui

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