Les résidus de l’Algérie française souffrent de leur passé: La mémoire secouée…

Jean Sprecherest l’auteur de « À contre-courant », publié en octobre 2000, c’est un ouvrage avec un regard original sur la guerre d’Algérie, un témoignage qui comporte beaucoup d’éléments inscrits dans l’histoire, car ayant vécu toute sa jeunesse pendant la colonisation de Algérie.

 

Il disait « L’habileté du colonisateur consiste à montrer et à dire ce qu’il fait et à taire ou à cacher ce qu’il défait.

Taire et cacher ce qu’il défait il précise :« Je ne parle pas là des pertes et des dégâts dûs à la conquête, je parle de la destruction de la société que l’on colonise.

Le colonisateur fait voler en éclat le droit et les usages du peuple qu’il soumet, il ignore sa culture ou la nie, il contrôle sa religion, il lui impose sa langue, seule officielle, il lui confisque ses biens et sa terre.

 

Le dommage dit-il « est si profond et les séquelles sont si graves que le peuple colonisé, même s’il réussit un jour à reconquérir son indépendance – on le voit aujourd’hui a du mal à retrouver ses marques, à restaurer sa culture, à assimiler la modernisation qui lui a été imposée et à se donner les structures sociales correspondant à son génie et à son histoire : un hiatus et des cicatrices subsistent, qu’il mettra longtemps à combler et à effacer. »

 

Il poursuit « Avec la conquête coloniale, les fellahs, ne sont plus sur leurs terres, ils sont étrangers chez eux : ils vont se louer comme ouvriers, le plus souvent saisonniers, où l’on veut bien d’eux, et deviennent des immigrés dans leur propre pays ; d’autres passent la mer et deviennent des immigrés dans le pays qui les a colonisés. »

Montrer et dire ce qu’il fait, l’auteur évoque : « Il a donc fallu développer les infrastructures, les routes, les chemins de fer, les barrages. Il a fallu se préoccuper de l’état des populations, développer l’hygiène, créer des hôpitaux. Il a fallu mettre en place et développer de façon constante le système scolaire. Tout cela, pour ne parler que de l’essentiel, était indispensable à une mise en valeur du pays. Mais il est évident que cela devait profiter en priorité aux colonisateurs, même si les colonisés bénéficiaient des retombées.

 

Par ailleurs, Jean Sprecheren en sa qualité de témoin disait dans son ouvrage : « A Alger s’était constitué un groupe de pression assez puissant pour s’opposer à tout projet gouvernemental contraire à ses intérêts.

Il poursuit : « Le lobby était composé de grands propriétaires terriens, de détenteurs de grandes fortunes, de notables, qui souvent se confondaient, et qui étaient désignés sous le nom de « féodaux ». Il jouissait de l’appui, ou de la complicité, d’Algériens musulmans, eux-mêmes propriétaires terriens ou gros négociants, notables couverts de titres et bardés de décorations, que beaucoup affectaient de respecter tout en les qualifiant de « beni-oui-oui ».

Ce lobby dit-il « dominait les collectivités territoriales, il soumettait les administrations, il ne se contentait pas de tenir les leviers de l’économie, il fournissait les députés et les sénateurs et en 1948, il s’était assuré une écrasante majorité à l’Assemblée algérienne.

En fait, c’est lui qui décidait, au nom de l’Algérie, si ce que voulait la France était applicable à Alger. Toute réforme susceptible de modifier l’équilibre établi était repoussée ou habilement mise au placard. Les Gouverneurs généraux s’inclinaient.

 

Le lobby affirme-t-il « possédait en outre une arme souveraine, la totalité de la presse quotidienne des trois départements, à l’exception d’« Alger Républicain », et il a pu ainsi pendant toute la période coloniale façonner à son gré l’opinion.

Pourtant, il faut être clair conclu-t-il : « le lobby algérois était puissant, mais sa domination n’aurait pas pu s’exercer pendant des décennies si la France n’y avait consenti, si toute républicaine qu’elle était et même avec des gouvernements de gauche, elle n’était restée, dans ses profondeurs, une nation attachée à ses colonies, fière de son œuvre émancipatrice, si elle n’était pas restée une puissance impérialiste.

Cette réalité-là, l’opinion publique française ne l’accepte pas encore totalement, et en tout cas pas volontiers. »

Que peut on dire de ce témoignage accablant d’un intellectuel venant des leurs, si ce n’est cette vérité :Il met à nu les contre-vérités sur les 132 ans de colonisation française en Algérie propagées par les résidus du « lobby d’Alger » qui n’a jamais accepté sa défaite menant à l’indépendance de l’Algérie. De nos jours le porte-drapeau de ce lobby bien évidemment, c’est l’extrême droit.

 

Rien d’étonnant donc de voir la présidente du FN Marie le Pen et ces juxtaposâtes comme la journaliste, Véronique Jacquier, qui ont fait des déclarations sur la période coloniale en utilisant des propos pour le moins que l’en puisse qualifier de mensonges, d’insultes, de raciste, et d’islamophobie en prétendant que l’Algérie « n’était rien si ce n’est la France qui lui a ramené le progrès et l’émancipation ».

 

Quelle audace ! Cacher une vérité tout eévidente c’est un comportement débile : Les petits fils des guerriers Algériens qui ont conquis et construit une civilisation en Andalousie dont a bénéficié toute l’Europe y compris la France, étaient capables de construire une Algérie meilleure que la France, si ce n’est une colonisation destructive et barbare de 132 ans.

 

Ce qui est rassurant aujourd’hui, c’est l’existence d’une résistance de la France officielle, contre ce lobby. Le colonialisme est qualifié de « crime contre l’humanité » par le président Macron.

Le contraire de ce que fut la passivité et la complaisance pendant la colonisation car étant une France « poussée par son attachée à ses colonies, et fière de son œuvre émancipatrice,  comme le souligne Jean Sprecher ».

 

Après 58 ans d’indépendance,ce sont finalement les résidus du lobby d’Alger qui naviguent à contre-courant de la volonté politique des deux pays, qui veulent mettre fin aux problèmes de la mémoire, et bâtir une relation en regardant l’avenir.

Le travail des deux historiens Français et Algérien désignés à cet effet par les Présidents Macron et Tebboune, une fois achevé finira par faire chavirer tous ceux qui naviguent à contre-courant.

 

A bon entendeur…

Docteur Rafik Alloui

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