Le management touristique et fiabilité des données : l’expertise algérienne  » exclue  » de la réflexion

L’Algérie continue de travailler sur l’élaboration de son compte satellite du tourisme en engageant des experts de l’OMT.

De son côté cette organisation persiste à imposer son modèle de conception à tous les pays du monde malgré ses limites que j’ai démontrées par une recherche scientifiquement soutenue à l’université Sofia Antipolis de Nice.

 

Invité par monsieur le ministre, j’ai participé en tant qu’expert algérien au 1er atelier régional du programme de renforcement des capacités en matière des statistiques du tourisme que notre pays a organisé les 13,14 et 15 février 2017 au palais de nations, conjointement avec l’organisation mondiale du tourisme (OMT), regroupant les pays du Maghreb et de l’Afrique de l’ouest.

Cette première rencontre a été une occasion pour les experts de l’OMT et les délégations participantes pour débattre d’un sujet très important, en l’occurrence les statistiques du tourisme et la manière de concevoir le compte satellite du tourisme comme concept d’évaluation du tourisme dans l’économie nationale.

Durant ce 1er atelier, je n’ai eu droit qu’à deux ou trois minutes après une intervention personnelle auprès du président de l’atelier Mr Salmi, une demi-heure avant la clôture ; et ce malgré mon rapprochement dès le premier jour auprès de madame Marion Libresos en sa qualité d’’experte de l’OMT chargée de diriger les débats techniques : à qui je me suis présenté en exprimant le souhait de participer activement aux travaux en tant qu’expert algérien.

 

Ces deux ou trois minutes ont été suffisantes pour démontrer les limites du compte satellite du tourisme et exposer la nouvelle vision par laquelle il est nécessaire de concevoir le compte satellite du tourisme. Ces limites sont :

  • Les discordances dans l’interprétation des définitions
  • La difficulté de définir et de cerner ce qu’est exactement un touriste,
  • Discordance dans le domaine d’appartenance du tourisme, est-il une industrie ou non ?
  • De la difficulté de délimiter entre tourisme et loisir
  • Le CST n’indique pas dans quelle proportion l’hôtellerie d’un pays appartient à des résidents étrangers, 
  • Les profits réalisés dans des entreprises touristiques appartenant à des non-résidents et qui sont rapatriés n’y figurent pas,
  • Il n’indique pas dans quelles proportions la formation brute de capital fixe du tourisme (FBCF) est d’origine nationale ou importée,
  • Il relate une confusion en matière de calcul de dépense totale d’un voyageur international,
  • Il ne prend pas en charge toute la valeur touristique. 

En effet, l’exercice de l’activité touristique nécessite l’usage d’infrastructures, notamment d’infrastructures publiques, dont la valeur n’apparaît pas, dans les transactions effectuées entre les touristes et la branche touristique

Mais le plus important de tous ces aspects limitatifs : c’est que le CST est enfermé dans une logique trop strictement comptable et ne sert pas pour gérer une politique de développement touristique nationale.

J’avais présenté lors de cette rencontre une solution qui consiste à introduire une logique managériale au niveau de l’offre pour tirer la consommation touristique vers le haut par la demande de façon à transformer le compte satellite du tourisme en un instrument de gestion et rendre ses indicateurs des leviers de commande pour aiguiller et corriger les insuffisances.

J’avais précisé que cette solution a été  soumise à notre pays bien évidemment, sous forme d’une démarche managériale stratégique territoriale, dont la finalité est d’instaurer une gouvernance territoriale de destination, permettant d’atteindre les objectifs de son schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT2030) et l’implémentation du compte satellite du tourisme.

Cette démarche sera appliquée moyennant la mise en œuvre de méthodes scientifiques, telles que la DPO pour la gestion managériale, le top down pour le suivi et l’élaboration d’un tableau de bord et enfin le Knowledge management pour la gestion de l’informationen en temps réel..

L’applaudissement de l’assistance qui s’est ensuivi, au terme de mon intervention à ce  1er atelier en est la preuve que mon message est bien passé. Quant à Madame Libresos qui est responsable du processus de mise à jour du cadre conceptuel du compte satellite du tourisme de l’OMT, visiblement gênée par la pertinence de l’exposé a reconnu et approuver toutes les limites évoquées.

Au terme de cette rencontre, un compte rendu a été adressé à monsieur le ministre du tourisme dans lequel j’ai précisé que : dès lors que notre pays a le privilège de conduire le débat sur les statistiques du tourisme jusqu’en 2019, nous devrions saisir cette occasion pour être les pionniers d’une réforme fondamentale du concept du compte satellite du tourisme par :

1/ La réforme du compte satellite du tourisme entant que concept d’évaluation :

À partir du moment où les limites du compte satellite du tourisme sont identifiées et que l’OMT par la voix de son experte madame Libresos a reconnu ses limites, il est nécessaire de mettre en place une cellule de réflexions composées d’économistes et de statisticiens pour corriger ces insuffisances et soumettre ces corrections lors du prochain atelier de 2018.

2/ L’introduction d’une logique managériale au niveau de l’offre :

Cette nouvelle vision a libéré le concept du compte satellite de sa logique purement comptable, avec l’introduction d’une logique managériale, afin de le transformer en un instrument de gestion, dans le but de conduire une politique de développement touristique nationale.

Cette dernière est présentée dans ma recherche sous forme de plan opérationnel, tendant à mettre en place une gouvernance de destination territoriale ayant comme finalité la gestion de l’offre du SDAT 2030.

Cette strategie pouvait donner ses fruits à l’échéance du troisième atelier de 2019. Cette rencontre pouvant  être une occasion pour présenter cette solution comme modèle algérien.

Nous sommes en 2020 et rien de tout cela n’ a été pris en considération par mon pays.

Pire encore, je n’ai meme pas été invité aux deux autres ateliers. Pourquoi autant de mepris pour tout ce qui est Algérien ?

La question est posée. A bon entendeur.

Docteur Rafik Alloui

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