Des leçons d’octobre 1988 au hirak du 22 fevrier 2019: La voix de tout un peuple…

Les deux soulèvements populaires qui ont eu lieu en Algérie en octobre 1988 et février 2019 ont eu un point déclencheur commun : le marasme et le ras le bol de la situation socio- économique désastreuse du pays.

Patrick Eveno a résumé, dans l’un de ces articles, la situation politique qui prévalait en Algérie à la fin des années quatre-vingt. Il a noté que : « La crise vient d’une accumulation de facteurs explosifs. Corruption, mauvais fonctionnement d’une économie trop centralisée, trop rigide, tout entière entre les mains d’une nomenklatura dépassée, réformes imprudentes mal acceptées, mal appliquées car incomplètes, qui ont exacerbé craintes et rancœurs sans relancer la machine, tout s’est mêlé depuis des années pour nourrir, avec la crise pétrolière, le ras-le-bol algérien. »

C’est cette situation qui a provoqué le premier soulèvement populaire marqué par les évènements du 5 octobre 1988 pendant lesquels éclatait, en Algérie, une violente contestation qui a été violemment réprimée.

Le bilan officiel de cette semaine du 5 au 10 octobre 1988 est de 169 morts. « Les sources hospitalières reprises par de nombreux médias font état de 500 morts et plus de 2 000 blessés. »

Cela a été la conséquence d’un marasme général qui a été récupéré pour être transformé en un avertissement adressé au président Chadli afin de le dissuader d’aller trop loin dans les réformes politiques.C’est ainsi que le multipartisme, les libertés syndicales, d’association, de la presse sont nés des « événements d’octobre 1988 ».

Profitant de cette ouverture politique qui n’a pas exclu l’utilisation de la religion à des fins politiques, aidé par une abstention sanction,le FIS a failli prendre la majorité absolue à l’APN et remettre en cause les fondements de la république. En effet, sur les huit millions inscrits sur la liste électorale a cette époque seuls trois millions ont voté et cinq millions ont boycotté les urnes.

Sans l’intervention de l’armée qui a pris sa responsabilité constitutionnelle de sauver la république, la catastrophe aurait été très grande. Certes le prix a été très cher, mais ce que nous avons gagné est inestimable : la république a été préservée mais aussi est surtout l’unité du pays, car diviser le pays était et reste l’objectif principal que les ennemis de l’Algérie tenteraient de saisir à chaque occasion propice.

Quant au deuxième soulèvement populaire qui a éclaté le 22 février 2019 soit 21 ans après octobre 1988 c’est aussi la conséquence d’un marasme général engendré par 20 ans de gestion désastreuse et catastrophique.

Le rejet du 5eme mandat de Bouteflika n’était que l’élément déclencheur.

En effet, en 2019, l’Algérie est classée 122e en matière de liberté de la presse sur une échelle de 157 pays, à la 133e place en démocratie sur un total de 167 pays,à la 125 place, soit la dernière en matière d’innovation, à la 79 -ème sur 110 pays dans l’indice mondial du bien-être.

Les experts ont pris en compte l’état de santé des habitants, le niveau de liberté, le niveau de chômage, le taux d’inflation, le niveau de vie, la qualité de l’éducation et de la santé, les institutions démocratiques, la qualité de la gouvernance, l’environnement économique et les innovations, le capital social et la liberté individuelle.

Ainsi, le marasme et le ras le bol ont été le point déclencheur commun des deux mouvements de contestation, mais il existe une différence de taille entre ces deux contestations populaires :

Le mouvement d’octobre 1988 a été manipulé et poussé dans la violence qui a engendré des morts et des blessés et a vu ses acquis instrumentalisés au profit d’une mouvance islamique qui a pour sa part, poussé le pays dans un terrorisme sanglant qui a duré une décennie entière.

Quant à celui de février 2019,il est à son 118 -ème vendredi marqué par un pacifisme sans égal qui a éblouî le monde entier et ce malgré les dispositifs d’empêchements déployés pendant les deux dernières éditions.

Le peuple Algérien a appris la leçon : il rejette toutes forme de manipulations de violences et de récupérations.

Ni les tentatives de déstabilisation qui sont venues de l’étranger pendant le printemps Arabe, nil e mouvement Rachad ni encore moins le MAK, n’ont pu et ne pourront dévier ce peuple de sa conduite pacifique menant vers son objectif principal :  un Etat de droit dans une Algérie libre et démocratique dans laquelle il veut vivre dans la dignité.

Ce peuple est déterminé à maintenir son pacifisme il est déterminé aussi à rejeter toutes formes de manipulations de récupérations et dissuasions. Il nous l’a dit en clair en ces 117 et 118-eme vendredis.

A bon entendeur…

Docteur Rafik Alloui

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Fermer