Voyage au coeur des camps sahraouis…

Refugiés sahraouis : 45 ans d’exils, de persévérances et de mutations

1975-2021 : Cela fait déjà prés d’un demi-siècle depuis que des milliers de Sahraouis sont établis dans des camps de réfugiés  dans le sud algérien, dans la wilaya de Tindouf plus précisément.

Ces années n’ont pas été de tout repos pour ces derniers qui vivent de ce côté des Hamadas. Toute une génération y est née. L’Algérie qui sacralise la notion du bon voisinage, les accueille à bras ouverts. Les Sahraouis le savent, le disent et le reconnaissent. « Si ce n’était le soutien de l’Algérie, Dieu seul saura de quoi seront faits nos jours », nous disait-on souvent.

Malgré la guerre et les pires conditions d’exil du peuple sahraoui soumis aux aléas de la nature, vivant dans un environnement inhospitalier et dans des conditions climatiques difficiles, la RASD est une réalité que le Maroc expansionniste n’arrive toujours pas à admettre.

Elle vient de célébrer ses 45 ans d’existence, en ce 27 février 2021 et aura accompli des miracles, au cours de ce long parcours caractérisé par une guerre d’extermination et un génocide sans précédent.
Dans cet immense espace, la société organise sa survie même si les dures conditions de ce côté du désert algérien ne facilitent vraiment pas la chose.

«Dans le monde, vous ne verrez pas de réfugiés aussi organisés », affirmait le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek.
Depuis, 1976 année durant laquelle les Sahraouis ont fui les exactions et toute sorte de violations de leurs droits par les Marocains, les choses ne sont plus les mêmes dans ces campements.

Les habitués de ces campements vous diront que malgré le caractère traditionnellement nomade de la société sahraouie, les réfugiés ont appris à se sédentariser dans un environnement aride et désertique, où les opportunités d’autosuffisance sont quasi-inexistantes.
La chaleur extrême – jusqu’à 55 degrés Celsius lors des mois de juillet et d’août – les tempêtes de sable, la sècheresse permanente et les très rares mais dévastatrices pluies torrentielles ne sont que quelques exemples de l’inhospitalité de la nature dans cette partie désertique du Sahara.

Chacun de ces camps, appelé wilaya ou région, est divisé en six daïras ou municipalités, regroupant chacune quatre quartiers d’habitations et dotées de services communs : le dispensaire, l’école et la mairie.

Nul ne pourra le nier : l’organisation sociale dans les campements des réfugiés sahraouis, s’est nettement améliorée depuis 1976 à ce jour.
Elle n’est plus en tout cas, celle que j’avais connue au début des années 1990, à mes premiers déplacements dans les campements », a poursuivi notre interlocuteur.

Selon lui, les réfugiés sahraouis ont réussi à survivre depuis quarante ans grâce à l’aide de la communauté internationale et à leur bonne organisation interne. Les autorités des réfugiés ont ainsi pu mettre en place plusieurs services de base. Il y a actuellement 49 écoles maternelles, primaires et intermédiaires, et plusieurs centres de formation.
« Cela dénote de la bonne gestion des campements acquise au fil des jours », a soutenu le confrère.

Que ce soit à Boudjedour, Aousserd, El Ayoun, ou à Dakhla, les petits commerces se sont multipliés ces dernières années. Tout, ou presque y est vendu.
La monnaie utilisée est le Dinar algérien. Les transferts monétaires des migrants de la diaspora et le développement d’une micro-économie, à travers la faible émergence d’initiatives socioprofessionnelles privées – principalement des petites échoppes – « ont progressivement changé le paysage des camps.
Une partie de la population a ainsi pu acquérir des biens matériels nouveaux, comme des téléphones portables, des télévisions, des panneaux solaires, ou des frigidaires à gaz », lit-on dans un document d’OXFAM (une confédération composée de 17 organisations indépendantes de même sensibilité qui agissent contre les injustices et la pauvreté).

Dans les campements des réfugiés sahraouis, une autre « évolution » ne peut passer inaperçue : les « taxis Mercedes ». Les « station », se situent généralement à la sortie de chaque campement.
A Boudjedour à titre illustratif, c’est un terrain vague qui est transformé en une « station taxi ». La majorité des véhicules sont d’une marque allemande. Immatriculés SH (Sahara occidental), leurs propriétaires, des jeunes dans la plupart des cas, assurent les dessertes entre les cinq campements, Hassi Rabouni mais et aussi Tindouf. C’est une autre évolution qu’on ne peut omettre.

Auparavant, dans les camps (des refugiés), les déplacements étaient assurés uniquement par des véhicules gouvernementaux appartenant à la Direction des Protocoles dépendant de la présidence de la RASD.

Autre évolution significative dans le mode de vie des réfugiés sahraouis : l’Internet. Aussi l’électrification qui  tend à se généraliser prochainement dans tous les campements.
L’accès à ces outils existe au sein des camps, même s’il reste encore limité. Le degré d’information d’une partie de la population a ainsi atteint un niveau jamais vu. Internet incarne, en effet, autant un espace d’information que d’expression grâce aux réseaux sociaux.

L’Internet, « constitue une nouvelle source d’informations pour des sahraouis avides de reprendre leur vie en main, qui discutent et débattent autour d’un thé rituel. Ils sont particulièrement attentifs à leur situation au niveau international, aux positionnements des Nations unies, et à toute éventuelle implication dans le processus de décolonisation et la résolution du conflit », note-t-on encore dans le même document d’OXFAM.

Y.O

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