Presse nationale : Entre crise financière et défi numérique

La presse papier avait enregistré, entre 2010 et 2018, une baisse de 80% des tirages de journaux, a signalé le ministre de la communication, ajoutant que cette régression s’est accentuée avec l’avènement de la crise sanitaire du Covid-19.
La presse nationale continue, depuis l’ouverture du champ médiatique, de faire face à de nombreux défis. Secouée par une rude crise financière, elle peine à faire sa mue pour accéder à un modèle économique fiable lui garantissant la survie. Le challenge consiste à opérer sa transition numérique, sans pour autant perdre de sa vocation centrale ; assurer sa mission d’information dans un cadre de respect de l’éthique et de la déontologie.
Près de 200 titres de la presse écrite, une cinquantaine de chaines de télévision et une centaine de sites électroniques sont recensés. Des médias qui cherchent à se faire une place dans un paysage médiatique et économique en pleine mutation.
La loi n 90-07 du 03 avril 1990 relative à l’information a marqué la consécration du pluralisme médiatique. La loi organique de 2012 est venue la compléter en permettant l’émergence de chaines de télévisions privées et de la presse électronique.
Par ailleurs, le ministère de la Communication a annoncé la réactivation du Fonds d’aide à la presse, gelé depuis 2014, pour venir en aide à une presse se débattant dans une crise sans précédent, dûe à la chute du marché publicitaire publique et privée.
Ces dernières années, il faut le souligner, pas moins de 20 journaux qui n’ont pas pu résister à la crise, ont disparu du paysage médiatique entre 2019 et 2020, selon les statistiques du ministère de la communication, d’autres ont été contraints de réduire leur personnel et leur tirage pour se maintenir en vie, fragilisant, du coup, une bonne partie de la corporation.
Le défi de la transition numérique
À l’ère des technologies modernes, il n’y a pas d’autre issue honorable autre que la transition numérique. C’est sur cette nouvelle approche que mise le ministre de la communication, porte-parole du Gouvernement. Selon lui, c’est «nécessité impérieuse », dit-t-il, soulignant l’évolution de la scène médiatique, marquée notamment par l’abandon par plusieurs journaux de la version papier pour se tourner vers l’édition électronique.
Pour donner une assise juridique à la presse électronique qui compte déjà plusieurs sites d’information, un décret exécutif fixant les modalités d’exercice de l’activité d’information en ligne et la diffusion de mises au point ou rectifications sur le site électronique, a vu le jour en 2020.
Le ministre qui réaffirme le soutien de son département à la presse électronique, avait affirmé que l’ère de la presse papier « est finie », appelant les jeunes diplômés à se lancer dans la création de sites d’information de proximité et spécialisés.
S’exprimant sur le lectorat de la presse en Algérie, le premier responsable du secteur a relevé que «70% des lecteurs accèdent désormais à l’information par le biais de la presse électronique, laquelle, a-t-il promis, sera même « priorisée dans l’obtention de la publicité publique ».
Dans le même sillage, le ministère de la Communication a affirmé vouloir également mettre le cap sur le défi de la sécurité numérique en exigeant que tous les sites électroniques d’information ou autres, soient hébergés localement dans le but de protéger leurs données, ainsi que leur domiciliation, physique et logistique, en Algérie avec une extension du nom de domaine « dz ».
De ce fait, M. Belhimer avait annoncé, mars dernier, l’enregistrement de 45 sites électroniques d’information « dans le domaine dz, et qui sont totalement sécurisés », ajoutant que l’objectif du secteur est d’arriver à une centaine de sites avant l’été prochain.
Selon les chiffres du ministère de la Communication, 101 organes de presse en ligne éligibles au soutien ont été recensés, dont 37 ont déjà obtenu des certificats d’enregistrement.
Ainsi, plusieurs chantiers ont été ouverts par le département de la communication, entres autre l’amendement de la loi organique du 12 janvier 2012 relative à l’information, considérée comme le «grand chantier de 2021 », dans le but de l’adopter à la nouvelle Constitution.
Le ministère a fait savoir avoir déjà engagé la procédure prévoyant la modification du décret pour mettre en place la commission permanente chargée de délivrer la carte nationale du journaliste professionnel et ce, par l’organisation d’élections permettant d’élire les journalistes et les directeurs des médias devant siéger au sein de cette commission.
Le secteur de la publicité n’est pas en marge des réformes, notamment avec l’initiation d’un avant-projet de loi pour organiser les activités y afférentes et fixer les règles relatives à son exercice. A cela, s’ajoute un avant-projet de loi relatif au sondage, en voie de finalisation.
En attendant la promulgation de la loi sur la publicité, l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP) avait adopté en 2020, «15 critères objectifs dans la distribution de la publicité publique au profit des médias nationaux».
Concernant l’audiovisuel, le département de Belhimer mise sur la réhabilitation de l’Etablissement public de la télédiffusion d’Algérie (TDA) dans certaines fonctions fondamentales, notamment d’être l’interface entre les chaines privées et les fournisseurs de service radiotélévision étrangers.
Outre le rapatriement technique et technologique des chaines privées, le ministre a annoncé également l’amendement de la loi de 2014 relative à l’activité audiovisuelle, dont un comité conjointement avec l’ARAV, a été déjà installé au niveau du ministère pour l’adapter et la mettre à jour.
Par ailleurs, sur plus d’une quarantaine de chaines de télévision privées qui forment le paysage audiovisuel national, seulement 7 d’entre elles ont reçu un agrément provisoire pour l’ouverture de bureaux.
Le secteur audiovisuel public, a été enrichi en 2020 par trois nouvelles chaînes dédiées à la famille, à la promotion du savoir et à l’histoire, à savoir (TV6, TV7 «El Maarifa » et TV8 « ADHAKIRA »).
Au cours de la même année, le ministère de la Communication a également lancé le redéploiement de la radio numérique terrestre (RNT), une technologie numérique qui permet d’assurer la diffusion d’un très grand nombre de chaînes (9 à 18 radios par fréquence), avec une meilleure qualité d’écoute.
Synthèse A.Ben Ali.