Préserver le hirak pacifique et les tentations à l’escalade: L’élite devrait s’impliquer pour un franc débat…

Le 12 mars 2021 est le 3 -ème vendredi depuis la reprise après une trêve volontaire imposée par la pandémie du coronavirus et,la 108 -ème édition depuis le 22 févier 2019, durant lesquels le peuple Algérien est sorti par millions dans les rues de l’ensemble du pays dans un mouvement pacifique horizontal qui a ébloui le monde entier.

Durant tous ces vendredis,  ni le froid et la pluie de l’hiver, ni le ramadhan et son épreuve, ni la chaleur torride de l’été, ni les tentations de plages et les vacances, ni les acquis arrachés, telles la mise à l’écart de Bouteflika et sa principale bande « issaba », n’ont pu vraiment casser l’élan des manifestants pacifiques.

Ni même les actions tendant à endiguer le mouvement populaire menées à partir de l’étranger par les revanchards et les mal intentionnés,ni aussi de l’intérieur par les récupérateurs de tous bords, n’ont pu détourner l’attention de ce peuple de sa principale revendication qui n’est autre qu’un changement radical du système et l’instauration d’un Etat de droit pour une Algérie libre et démocratique.

Comment peut-on expliquer cet engagement horizontal et cette persévérance sans faille du peuple Algérien pour sa revendication principale?

Une seule explication évidente et simple qu’on ne veut malheureusement pas admettre : Cette revendication populaire n’est point une attente dans l’espoir de satisfaction mais, un objectif à atteindre horizontalement.

Cette manière inédite dans le monde sera certainement l’objet de recherches scientifiques.

Pour ceux qui connaissent mal le peuple Algérien, ils doivent savoir que la persévérance, la patience, l’endurance, la détection des vissés pas saines et l’opportunisme, sont des caractéristiques acquises par ce peuple à travers son histoire. Il faut, dit-il, autant de vendredis que nécessaires afin que l’objectif qu’il s’est fixé soit atteint sans aucune aide verticale.

Les derniers slogans et les menaces de l’escalade scandés en ce vendredi, sont des signes avant-coureurs de l’impasse totale porteuse de grands risques et de grands dangers pour notre pays.

Alors, comment peut-on éviter l’escalade ? Comment peut-on regagner la confiance du peuple  ?

Une seule tendance reste à exploiter : l’élite du pays qui peut si on lui donne l’occasion, jouer le rôle d’interface neutre par la réflexion scientifique,à aiguiller et baliser la voie vers le bon chemin pour l’édification d’une nouvelle Algérie libre et démocratique, principale revendication du peuple Algérien.

En ma qualité d’Algérien faisant partie de cette élite, j’avais affiché des appréhensions bien avant les élections présidentielles,éditées dans l’une de mes contributions, parues dans le même journal,en disant que dans plusieurs cas de transition démocratique dans le monde, les premières élections n’ont, le plus souvent, pas garanti l’objectif d’une vraie démocratie en posant les questionnements suivants:

Peut-on considérer que les élections seules peuvent garantir la transition démocratique ?

La légitimité électorale est-elle suffisante pour rendre effective et consolider la transition démocratique ?

Comment peut-on éviter l’instrumentalisation politique qui peut porter atteinte aux libres choix du peuple ?

Quel rôle jouent les acteurs politiques, la société civile, les médias, les organisations syndicales etc. ?

Comment peut-on consolider ce processus de démocratisation et par quel moyen arrive-t-on à le renforcer et à le maintenir ?

J’avais appelé mes collègues chercheurs en sciences de gestion et sciences politiques et autres disciplines, à répondre à ces questionnements autour d’un séminaire qui pourrait être organisé sous l’égide de l’une de nos universités.

Les objectifs de ce colloque auraient pu être:

Comprendre les différentes expériences des transitions démocratiques à travers la saisie comparative de leurs spécificités réciproques.

Analyser et comprendre les enjeux politiques et sociaux que traverse le processus de la transition démocratique.

Saisir l’enchevêtrement multiforme de la question transitoire (élection, procédures juridico-légales, culture politique, facteurs socio-historique, etc.).

Ces objectifs auraient pu être menés à travers l’investigation des thèmes déterminés au préalable.

Encore une fois, je réitère mon appel : faisons confiance à notre élite, organisons un débat général autour des propositions élaborées par les scientifiques de notre pays, via les médias et réseaux sociaux.

Le peuple adhérera j’en suis convaincu.

À bon entendeur…

Par Rafik Alloui

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