Maroc : 2022, l’année de l’incertitude économique

L’économie marocaine, déjà en berne, entame une année 2022 incertaine marquée par le creusement des déficits, l’augmentation du niveau d’endettement, une saison agricole menacée et la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques.

Un rapport de la banque d’investissement marocaine CDG Capital ne laisse en effet planer aucun doute quant à un avenir sombre de l’économie du royaume chérifien.

«L’économie marocaine entame une année incertaine marquée par la détérioration des déficits jumeaux (budget et balance des paiements) et de niveau d’endettement, une saison agricole 2021-2022 menacée par la sécheresse et la forte hausse des prix des matières premières et énergétiques», souligne la direction Insight de CDG Capital dans un rapport récent intitulé «Perspectives économique et taux 2022: des équilibres fragiles dans un contexte global tendu».

Les rédacteurs dudit rapport ont, dans ce contexte, mis en avant, les équilibres extérieurs du Maroc qui « sont sous pression face à la hausse des importations et de la faiblesse des recettes touristiques ».

Selon CDG Capital Insight, le creusement du déficit commercial et du compte courant devrait se poursuivre en 2022 en lien avec la hausse importante prévue des importations (effet prix essentiellement), le ralentissement du taux d’accroissement des recettes des Marocains résidants à l’étranger et la faible reprise des recettes touristiques.

Alors que les importations sont attendues en forte hausse, les exportations devraient, elles, progresser à un rythme modéré en comparaison avec 2021, compte tenu de la faible hausse prévue des prix des phosphates et dérivés et du recul prévu des exportations agricoles.

« Tous ces facteurs devraient contribuer à creuser de manière importante le déficit commercial du Maroc, qui pourrait franchir pour la première fois la barre des 200 milliards de dirhams (20,54 milliards de dollars) », estime-t-on dans le même document.

En outre, le ralentissement attendu des transferts des Marocains résidants à l’étranger, combiné à la faible reprise des recettes touristiques et à la hausse modérée des IDE, devrait propulser le déficit du compte courant marocain à près de 5,5% du PIB, prévoient les analystes de cette banque de financement et d’investissement.

S’agissant des prévisions de croissance, l’économie marocaine devrait connaître en 2022 un «fort» ralentissement, en dessous du seuil de 3%, selon la même source.
Ce ralentissement est la conséquence de deux principaux facteurs :

Le premier concerne la campagne agricole qui se déroule dans des conditions climatiques globalement défavorables avec une très faible pluviométrie et une mauvaise répartition spatio-temporelle.
«Ceci laisse présager une production céréalière en dessous de 40 millions de quintaux (contre plus de 100 millions de quintaux la campagne précédente)», avance la banque.

Le second facteur, poursuivent les analystes, est en rapport avec la croissance non agricole (industries et services) qui devrait également reculer en 2022.

Dans ce contexte, les besoins de financement du Trésor vont continuer à augmenter en 2022 pour se situer globalement à 164 milliards de dirhams (16,84 milliards de dollars). Il s’agit, selon CDG Capital Insight, d’un «besoin prévisionnel du Trésor public marocain historiquement élevé».
En d’autres termes, le recours au financement extérieur semble entouré d’incertitudes, compte tenu du rétrécissement des conditions à l’international, conclut le rapport de CDG Capital Insight.

Un autre facteur de risque pour l’économie marocaine réside dans le resserrement de la politique monétaire de la FED (la banque centrale des Etats-Unis) qui procède à une remontée de ses taux directeurs, selon le rapport expliquant que cela devrait engendrer un appétit moindre des investisseurs pour la dette des pays en voie de développement à l’image du Maroc.

Ainsi, la hausse des prix des matières premières et de l’énergie, combinée au rétrécissement des conditions de financement à l’international et au ralentissement de la demande étrangère adressée au Maroc, «devraient impacter trois équilibres macro-économiques : un creusement du déficit commercial suite au renchérissement des importations, une hausse de l’inflation et un rétrécissement des conditions de financement du Trésor à l’international, accompagné d’une augmentation des charges de la compensation», présagent les analystes de CDG Capital Insight.

Y.O

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