Marginalisation des cadres, retraite forcée et abandon : Des milliards en formation perdus par L’Algérie…

La priorité donnée à l’éducation et à la formation de la jeunesse n’est pas nouvelle en Algérie.

Depuis l’indépendance du pays, des ressources et des investissements massifs ont été consacrés à l’éducation.

Le taux du budget de l’État réservé à ce secteur est passé de 11,1 % en 1963 à 17,5 % en 2011.

Ainsi, les dépenses consacrées à l’éducation nationale entre 2000 et 2010, passant à 154.758160 de dinars à 437.566167 milliers de dinars, ont augmenté d’environ 34 % entre les deux dates.

Selon un rapport de la banque mondiale, le taux net de scolarisation en Algérie est de 98,5 %.

Au niveau de l’enseignement supérieur, le taux de scolarisation des 18–22 ans a considérablement augmenté au cours de la décennie écoulée, passant de 18,7 % en 2005.

En 1963-1964 le nombre des inscrits en graduation était de l’ordre de 3 721 contre 156 seulement en poste graduation.

Après une vingtaine d’années d’indépendance, le développement économique et social qu’a connu l’Algérie avait des conséquences bénéfiques sur le secteur de l’enseignement supérieur, puisqu’en 1982- 83 on a recensé 90145 étudiants en graduation, et 5 722 en post graduation.

 

Ces chiffres n’ont jamais cessé d’évoluer d’une année à l’autre jusqu’au 2004-05, où l’on enregistre respectivement en graduation, et en post-graduation des nombres de 721 833 et 33 630 étudiants.

En 1969-70, il y avait seulement 759 diplômés formés dans les différentes spécialités de l’enseignement supérieur, puis ce chiffre a augmenté d’une année à l’autre jusqu’en 2004-05 où l’on enregistre le nombre de 106000 cadres.

 

D’après une recherche élaborée par Fatima Nekkal intitulée « Les réformes éducatives en Algérie ont-elles contribué à la formation du capital humain ? » elle affirme que le coût par diplômé est très élevé en le rapportant au PIB par habitant,qui s’élevait à 594 % en 2010 à comparer avec une moyenne de 38 % pour l’OCDE.

Le PIB par habitant en 2010 était de 3.404€.

Si nous prenons le nombre de diplômés en 2005 évoqué plus haut soit 106.000 cadre prêts pour l’emploi.

Si nous nous basons sur le taux avancé par Fatima Nekkal(594 % en 2010),en 2005 ce pourcentage était à moins 25% soit 445.5%,car le PIB par habitant était de l’ordre de 2.543€.

Nous multiplions ce montant par 4,45 fois on obtient un cout par diplôme en 2005 de l’ordre de 11.318,47 euro environ.

 

En définitif si on multiplie le nombre de diplômés en 2005 soit 106 000 par le coût d’un diplôme à la même année on obtient une dépense globale de l’Etat de l’ordre de plus d’un milliard d’euros soit exactement 1.199.768,950 euros pour une scolarité moyenne de 4 ans.

 

La question qui se pose : L’Etat a-t- il amorti cet investissement en termes de rendement au profit du pays ?

 

Le réel vécu par notre pays dans le domaine de la marginalisation de nos cadres semble quasiment se pencher vers le contraire car, d’une part, une bonne partie de ces cadres sont partis et font le bonheur des pays étrangers qui les a accueillis en profitant de leurs compétences gratuites dans divers secteurs vitaux.

 

D’autres part, la majorité restante de ces cadres sont mis à la retraite à 40 ans en plein explosion  de leur potentiel après 10 à 15 ans de carrière (cela dépend de la fonction supérieure occupée,) en considérant que l’âge du début de leur carrière avait commencé en 2005, année de l’obtention du diplôme.

 

Ces cadres formées par l’université algérienne auraient pu jouer un rôle prépondérant dans le développement social, politique et économique du pays, en fournissant leur compétence au profit des différents secteurs ayant ressenti l’indispensable recours au savoir, et à la recherche scientifique pour faire sortir le pays de ses multiples crises.

 

Hélas, les critères du savoir, de la compétence et d’intégrité ne constituent plus, désormais, une condition nécessaire et suffisante d’accès à une fonction dirigeante quel que soit le secteur d’activité.

Le népotisme, le régionalisme, le clanisme se sont progressivement substitués à la connaissance et au savoir.

 

Le président de la république avait déclaré le dimanche 19 avril 2020, au cours de la réunion périodique du Conseil des ministres, « nous avons des compétences algériennes et des ressources matérielles susceptibles de nous mettre à l’abri de l’instabilité des recettes pétrolières. »

 

Que peut-on dire de cette réalité finalement admise par la plus haute instance de l’Etat?

Nous attendons toujours sa mise en œuvre.

A bon entendeur.

Docteur Rafik Alloui

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