Manifestations, colère et répression au Maroc

Une foule compacte a manifesté vendredi soir à Fnideq, dans le nord du Maroc, « contre les conséquences de la crise économique sans précédent, exacerbée par la fermeture des frontières avec l’enclave espagnole de Ceuta », selon des médias locaux et des ONG.
« Un millier de manifestants ont réclamé l’ouverture de la frontière avec Ceuta, fermée depuis près d’un an en raison de la pandémie de Covid-19 et demandé des alternatives économiques face au chômage qui frappe de plein fouet la région », a en effet, indiqué à l’AFP Mohamed Benaïssa, président de l’Observatoire du nord pour les droits de l’Homme (ONDH).
Et comme il fallait s’y attendre, l’intervention musclée des forces de l’ordre marocaines, ne s’est pas trop faite attendre.
Résultat des courses : des centaines de manifestants « embarqués ».
Ce samedi, l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH) au Maroc, a demandé la mise en liberté provisoire des personnes interpellées.
Dans un communiqué repris par les médias locaux, l’OMDH a appelé la justice marocaine à respecter toutes les procédures d’un procès équitable en ce qui concerne l’affaire de l’activiste du mouvement de protestation et membre du Comité du Hirak populaire à Tamassinte, Jawad Amghar détenu depuis le 13 janvier dernier, ainsi que le procès des quatre jeunes arrêtés à Fnideq lors d’une grande manifestation contre la dégradation de la situation économique, demandant leur libération provisoire.
Le parti de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) avait dénoncé l’arrestation de Khalil Jebari, membre du Secrétariat provincial du parti à Fnideq, ainsi que la violence faite à Yassine Yakour, vice-secrétaire provincial, alors qu’ils étaient de passage devant le lieu où se tenait le sit-in de protestation.
Des activistes et des militants des droits de l’Homme ont appelé, via divers blogs postés sur les réseaux sociaux, à la libération de tous les détenus arrêtés suite aux protestations, dont le jeune appelé Yassine Razine du «Parti Al Adl wal Ihsane».
L’OMDH a aussi demandé, dans son communiqué, l’ouverture d’une enquête judiciaire impartiale et indépendante pour déterminer les responsabilités et punir les auteurs de la tragédie de l’usine de textile du quartier de Branes à Tanger, dont la situation aléatoire a causé la mort de 28 personnes, des femmes pour la plupart, suite à des inondations.
Cette tragédie a déclenché une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, et mis en évidence la vétusté des constructions anarchiques érigées sur des cours d’eau, montrant au grand jour la misère des ouvriers de l’économie informelle dans le pays.
Les employés de cet atelier installé au sous-sol d’une maison dans un quartier résidentiel de la ville portuaire ont été piégés par les eaux, après des pluies torrentielles. Sur les réseaux sociaux, les internautes s’interrogeaient sur le fait que l’atelier ait pu rester «clandestin».
Selon des activistes marocains, la plupart des entreprises et des unités de production au Maroc sont des entreprises «clandestines». Elles le sont, pour eux, compte tenu «du non respect du droit du travail et de l’autorisation des procédures».
Le drame de Tanger a mis à nu également les constructions illicites au Maroc. Il y a environ vingt ans, la zone qui englobe actuellement le commerce de détail résidentiel «Enas» et d’autres rues et ruelles situées dans les quartiers de Branes et d’Al-Nasr était des cours d’eau, qui ont ensuite été enterrés et des bâtiments résidentiels ont été érigés.
Y.O