Liberté d’expression sur fond de suspicion: La télé d’Ali Haddad contre Mahieddine Tahkout

Ali Haddad ne semble guère aimer les journalistes qui revendiquent une certaine liberté de ton dans l’exercice de leur métier.  Après le licenciement de Hassan Moali, qui fut directeur du quotidien Le Temps , c’est Mourad Atmimou , jeune animateur d’une riche émission en kabyle diffusée sur Dzair news qui vient d’être tout simplement tout débarqué .

A l’évidence, un dénominateur commun entre les deux journalistes : une liberté d’expression qui dérange.  La sentence ne s’est pas fait attendre . Point de journaliste et adieu l’émission. L’efficacité et l’audience n’ont aucune signification chez le patron de ce groupe de presse . S’il est reproché aux journalistes d’avoir pris trop de liberté au sein de la maison du média haddad , où il est clairement établi que la voix de toute opposition au système ne devra guère se faire entendre , il y a pourtant une contradiction manifeste dans le traitement sélectif de certaines informations véhiculées par les chaînes du groupe Ali Haddad.

En effet, Haddad autorise t’il ses journalistes à s’attaquer à certains hommes d’affaires alors qu’il leur interdit toute critique du système politique?

Tout récemment c’est Mahieddine Tahkout qui a fait l’objet d’une attaque sans retenue sur une des chaînes du groupe Haddad.

Au cours d’une émission dédiée au montage automobile les invités, un économiste ainsi qu’un animateur de la campagne de boycott des véhicules made in Algeria, ont développé un véritable réquisitoire contre Tahkout. Avec une liberté de ton et un excès d’accusations , les deux invités ont eu toute la latitude pour tenter de démontrer que les opérateurs activant dans le montage automobile sont ni plus ni moins que des acteurs malhonnêtes qui méritent selon eux de faire l’objet d’une enquête approfondie . Une enquête qui prendrait la forme d’une commission oû figurerait la brigade économique de la sûreté nationale , des gendarmes , des douaniers , et des agents du fisc. Ceci n est ni plus ni moins qu une suggestion télévisée présentée par deux intervenants qui se disent défenseurs des consommateurs avec néanmoins une orientation sur le produit automobile.  Par delà le fond de cet appel à une enquête de la  justice lancé par nos deux invités, il est néanmoins permis d’émettre des doutes , voir de relever de la suspicion quant à la sincérité de cette émission.

La motivation improbable de son message qui suscite beaucoup d’interrogations sachant que cette chaîne de télévision n est pas connue pour permettre de telles libertés.  D’ailleurs le journaliste qui animait les débats n’a à aucun moment jugé utile de rappeler à l’ordre ses invités qui dépassaient dans leur analyse le cadre légal d’un débat. S’il est légitime de bâtir une lecture économique des coûts et prix de reviens de l automobile , il n’est par contre point permis de lancer de graves accusations contre des opérateurs que l’on tente  d’assimiler à des fraudeurs qui ont enfreint toutes les règles et lois de la République.  Pourtant c est ce qui a été fait publiquement sur une des chaînes de Ali Haddad. Le plus visé et largement attaqué au cours de cette émission , c’est sans appel, Tahkout à qui nos invités reprochent d’avoir lancé des promotions sur les prix de ses véhicules allant jusqu’à 500.milles dinars .

Les invités au débat suggèrent que si Tahkout consent une telle remise , c est qu’il doit en réalité gagner pas moins du  » 150 % sur chaque véhicule « . Malmenée par une campagne de boycott née sur la toile, l’industrie du montage automobile made in Algeria soulève depuis son lancement une véritable polémique sur les prix de vente pratiqués , jugés excessifs car plus chers que ceux des véhicules importés.  Dans le fond et sur la question , des débats sereins meriteraint d’etre ouverts à la condition de ne laisser s exprimer que la  dimension économique , en toute objectivité.

Quant à relever que cette question a été livrée sur un plateau d’une chaîne dont on connaît les limites d action notamment en terme de liberté, la suspicion et même l’odeur d une forme de règlement de comptes , ne sont pas des éléments à écarter.

Karim .A

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