Les Algériens ne croient plus aux élections : Le pouvoir face au spectre de l’abstention

Le compte à rebours pour les prochaines élections législatives a commencé.

Moins de deux mois,  nous séparent d’un rendez-vous qualifié par un bon nombre de représentants politiques d’historique et d’opportunité de changements .

Ces derniers croient dur comme fer que ces mêmes législatives pourront faire enfin sortir l’Algérie de son impasse. D’autres estiment que l’heure est au changement et à la mobilisation.

Les chefs de file et les représentants des partis sillonnent les quatre coins de l’Algérie afin de sensibiliser les électeurs pour qu’ils se rendent massivement ce jour-là aux urnes, sachant que même au plus haut sommet de l’Etat, l’on se préoccupe du boycott des électeurs et non pas de celui des partis politiques.
C’est devenu comme une hantise, une obsession.

Ironiquement, cela nous rappelle les élections des années 1990 quand les Algériens étaient pris entre le marteau des islamistes qui ne voulaient plus entendre parler d’une élection dans un pays où «leur droit de gouverner fut confisqué» et l’enclume des gouverneurs de l’époque qui «estimaient qu’il fallait prouver que l’Algérie est toujours debout».

Les donnes pour ces élections du 12 juin 2012, ne différent pas beaucoup sauf que cette fois-ci, l’Algérien ne semble plus aussi motivé que par le passé par l’acte de voter.
Les élections ne sont plus cette discussion préférée abordée dans les cafés, les marchés et les stades.

Les citoyens préfèrent vouer du temps, chacun à ses préoccupations quotidiennes. Un cumul de mensonges, de problèmes sociaux mais aussi l’absence de l’Etat sur tous les plans ont fait que le citoyen algérien ne songe plus aux élections. Il ne semble plus attiré par une simple procédure d’usage qui n’a aucun sens dans un pays où l’acte de voter n’est que symbolique sans respect aucun de la réelle volonté du peuple.

C’est pour ces raisons et beaucoup d’autres que l’Algérien ne pense qu’à panser ses maux, reconstruire ce que la dernière tempête de neige a détruit dans son quotidien.
C’est pour ces raisons que l’Algérien songe d’ores et déjà à se préparer la saison estivale ponctuée par l’Aïd El Adha, et suivie juste après par la rentrée scolaire.

L’Algérien totalement indifférent aux discours de Bengrina, Salhi, Abu Fadhl El Baadji, Makri et tous les autres politiques, songe à faire le plus d’économies possible car il sait pertinemment que l’Etat, encore une fois, ne sera pas là pour le protéger des commerçants sans scrupules qui l’auront déplumé, au premier tour qu’il fera dans un marché. Le mois de ramadhan écoulé, l’illustre de si bien.

Qui ira donc voter ? Ce ne seront certainement pas ces milliers d’universitaires qui vagabondent à longueur d’année, à la recherche d’un emploi, ni ces milliers de jeunes ayant déposé des dossiers à l’Ansej et à la Cnac dans l’espoir de disposer de leur propre entreprise, ni encore moins ces milliers de demandeurs de logements qui attendent toujours que le projet d’un million de logements soit enfin concrétisé.

Entre le citoyen et son administration, le fossé s’est de plus en plus élargi. Une véritable crise de confiance s’est installée.
En un mot : le citoyen algérien ne croit plus, ni aux promesses de ses gouverneurs, ni à celles de ses ministres ni encore moins à celles des députés qui ne font qu’adopter des textes de loi qui ne reflètent aucunement les réelles aspirations des populations.

Les partis politiques s’y mettent…

Tous les partis en lice ambitionnent une place sur le podium. Même les formations fraichement agréées croient pouvoir créer la surprise et rivaliser avec d’autres habituées à de bons résultats. Il reste seulement à espérer une participation massive car faudrait-il le souligner, même des militants de base n’ont plus confiance en leurs chefs de file. «Je suis militant au (…) depuis une dizaine d’années. Ce parti n’a jamais raté un rendez-vous électoral et il a pris part à toutes les élections.
Depuis les dernières législatives, je me suis juré de ne plus accorder ma voix à aucun de ses candidats, ni celui des autres partis d’ailleurs», affirme Badredine, comptable de profession. Selon lui, les candidats une fois élus, ne tiennent aucun des engagements faits pendant la campagne électorale.

Un avis partagé par beaucoup de citoyens. La tâche des partis politiques demeure complexe. Et tous les moyens sont bons afin de parvenir à arracher la fameuse voix.

Le président de l’instance chargée de la gestion du parti Talaie El Houriat, Réda Benouanane, a titre illustratif, appelé ce samedi 05 juin, d’Oran les Algériens à voter en force le 12 juin pour « construire l’avenir de l’Algérie, garantir les droits et libertés et jeter les bases d’une justice sociale».

«L’Algérie aspire à un avenir où la légitimité institutionnelle sera renforcée, les droits démocratiques réalisés, la justice sociale instaurée et l’égalité des chances à tous les Algériens accordée», a souligné Réda Benouanane lors d’un meeting qu’il a animé au complexe omnisports de la commune d’Es-Sénia dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives du 12 juin.

«Nous serons en contact permanent avec les citoyens et nous œuvrerons à préserver la stabilité du pays et consacrer la justice sociale, bâtir une économie forte, créer des postes d’emploi et assurer une vie décente aux citoyens», a-t-il affirmé. Encore une promesse électorale.

Prévisions pessimistes…

Certes, ils n’ont fait aucun discours électoral mais tout le monde l’aura compris : «l’Etat compte sur vous pour vous rendre le 12 juin, aux bureaux de vote. Soyez-y nombreux», tentaient-ils de faire comprendre.

Certains connaisseurs des rouages des hautes sphères de l’Etat confirment que l’électeur algérien sera bel et bien absent le 12 du mois courant, jour de l’élection d’une nouvelle Assemblée populaire nationale (APN). Selon des sources proches du dossier, le pourcentage des Algériens à vouloir se présenter ce jour-là aux bureaux de vote ne dépassera pas les 15%.

Il faut agir et il faut surtout rappeler aux Algériens «leur devoir de citoyens». Pour ce faire, tous les moyens sont bons. Les ministres, qui se faisaient rares jusque-là lors des catastrophes naturelles, ont adopté d’autres méthodes ou ont été contraints de le faire, se dépêchant le lendemain, voire le jour même d’une quelconque crise, à la rencontre du citoyen.

Des milliards sont dépensés rien que pour inviter les Algériens à voter. En matière de «sensibilisation», les pouvoirs publics n’ont assurément pas dit encore leur dernier mot. Sans nul doute, l’avenir nous en dira plus.
A quoi a servi l’ancienne assemblée pour en élire une autre ?

Les Algériens sont unanimes. L’assemblée populaire dissoute par le président de la République, en mars dernier, n’a guère reflété les aspirations de la base. Cette même assemblée, autrement dit les (députés), n’avait d’autres préoccupations que de s’enrichir davantage et de garantir ainsi une vie aisée au-delà de la députation.

L’on se rappelle, en effet, combien les débats étaient houleux quand il s’agissait des indemnités des «élus du peuple».

Ce jour-là, tous les députés étaient présents et on ne tenait pas à rater l’audience car les interventions allaitent porter sur «le devenir de l’élu». On l’a constaté et nul ne peut dire le contraire : le député n’est absent que quand il s’agit de discuter des préoccupations du citoyen. L’Histoire retiendra (hormis quelques députés et ils sont rares) l’Assemblée pourtant Nationale et Populaire, n’a jamais été là pour le défendre les citoyens.

Et ce n’est aujourd’hui que cela va commencer……

Y.O

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