le professeur Farid haddoum décrit des scènes horribles liées à la rupture d’oxygène

Professeur Farid Haddoum est chef du service néphrologie du CHU Mustapha transformé en unité Covid jusqu’à février 2021.

“L’asphyxie des patients, par manque d’oxygène, a marqué l’esprit des soignants».

ABN: L’Algérie enregistre un rebond de contaminations au Sras-cov-2. Comment se présente la situation dans les centres hospitaliers ?

Prof Haddoum: Cette troisième vague en Algérie est un véritable tsunami .

Rien ne laissait présager en Juin 2021 une telle déferlante .
Les hôpitaux Algériens ont subi de plein fouet l’arrivée massive de patients jeunes et moins jeunes en détresse respiratoire .
Les services ont été très vite débordés, dépassés par la demande en oxygène,en soins de haut niveau,par la gravité de l’atteinte pulmonaire.
Certes forts de l’expérience passée en 2020 , à laquelle s’ajoutent une réactivité immédiate et un engagement sans précédent des soignants , la situation est devenue alarmante,les décès en augmentation.

L’offre de soins étant clairement insuffisante, les familles des patients désemparées cherchaient refuge partout!  Nous avons assisté à des scènes horribles .

ABN: Comment se débrouille le personnel soignant pour parer au manque de l’oxygène dans les hôpitaux ?

Prof Haddoum: La pénurie d’oxygène, ses ruptures quotidiennes, l’asphyxie des patients ont marqué l’esprit des soignants. Quelle attitude, quelle riposte, quelle solution?

Nous attendions tous l’arrivée du camion d’oxygène pour faire revivre les patients.
Une situation particulière nous a profondément bouleversés.
Il s’agit d’une patiente de 58 ans en détresse respiratoire, victime de cette forme pulmonaire de la COVID19,ce désastre vasculaire mortel , qui doit son salut à la présence de deux extracteurs d’oxygène personnels qui lui ont sauvé la vie durant la rupture totale d’oxygène.
Rupture à l’intérieur du CHU qui a duré d’interminables heures…..

De ma vie professionnelle, je n’ai assisté impuissant à une telle souffrance humaine !

ABN: Le variant Delta est particulièrement virulent. Quel est le tableau clinique et les points de vulnérabilité des sujets atteints ?

Prof Haddoum: Nous faisons face, en juillet 2021, à un variant, nouveau venu en Algérie, particulièrement dangereux pour les poumons. On constate nettement son tropisme pour les petits vaisseaux pulmonaires qu’il va envahir, détruire, réduire en cendres, stoppant net les échanges respiratoires.

La supplémentation en oxygène nasal est certes bénéfique, soulageant quelques temps, mais très vite la respiration artificielle devient indispensable . Elle sonne presque toujours le glas ….

ABN: De quelle manière devrons-nous procéder pour venir à bout de cette épidémie?

Prof Haddoum: Ce variant va disparaitre, comme dans toutes les précédentes pandémies, quand il aura fait un grand nombre de victimes .
Il disparaîtra avec ses victimes .
Plus de réservoirs humains, plus de virus !

Cela peut paraître cynique, c’est hélas le cas!…..
Après le pic , la décroissance et la disparition sans crier gare comme à son arrivée .

Comme pour les pandémies précédentes,la vaccination bien sûr, l’analyse du virus et la surveillance sanitaire, la coopération internationale sont les piliers de la prévention collective.

Propos recueillis par Anais. B

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Fermer