Le peuple prend le dessus, la constitution,tient à ses dessous !

Les dernières sorties du chef d’État major de l’armée , notamment cette semaine où il a clairement écarté toute ambition politique  personnelle , en réaffirmant son attachement à la constitution pour justifier l’impératif des élections, comme Solution de sortie de crise , n’ont pas convaincu la population .

Du moins , il fallait attendre ce vendredi 14 pour le confirmer . Alors que certains retenaient leur souffle quant au devenir du mouvement populaire dont on pariait un essoufflement quasi certain,  la rue a produit l’effet inverse : une mobilisation encore plus forte et des messages tout aussi tranchants.

Les Algériens ont repris leur élan , rejetant la présidentielle proposée dans sa forme actuelle, sous les  » bons soins  » d’une équipe qui a appartenu au système de Bouteflika .

L’entêtement du maintien des Bensalah et Bedoui ,figures honnies et dénoncées par la rue , est curieusement présenté comme un impératif lié à des dispositions constitutionnelles auxquelles tout le monde serait appelé à se soumettre , peuple et armée.

Cette même constitution élaborée sous le règne d’un Bouteflika qui en avait fait un outil au service exclusif de sa pérennité .

La respecter jusqu’ au bout alors que la crise perdure , constitue , au regard de la pressante demande de la rue, un facteur à  risque réel pesant sur  le contrat de confiance noué en plein tumulte entre l’armée et les citoyens .  Ces derniers refusent d’en être les otages, et prônent un traitement politique à la crise.

L’argument constitutionnel opposé à la revendication massive est en train de plomber toute approche de règlement de la situation.

Il est vrai que l’opération mains propres engagée par la justice contre les intouchables d’hier et les puissants politiques qui défilent devant les tribunaux pourrait faire office d’un gage de bonne intention de l’armée qui s’affirme d’ailleurs garante d’un tel processus, a eu le mérite d’être salué par une bonne partie des algériens .

Néanmoins, ces derniers exigent la suite du contrat à honorer : l’effacement de toute trace de l’ere Bouteflika  et cela pourrait associer inévitablement la référence à sa constitution ainsi que le départ des hommes qui persistent à le représenter , voire fatalement, à le rappeler .

Dans un de ses récents discours , Gaid Salah avait clairement consideré qu’ il n’etait pas raisonnable de réclamer le départ de tous les cadres de l’Etat arguant du fait que cela risquait de paralyser les institutions du pays.

Ce à quoi répliquent les manifestants par la nuance de leur revendication qui vise essentiellement Bensalah et Bedoui.  C’est à dire les plus hauts symboles de l’ancien régime avec lesquels toute transparence des élections escomptées ne pourrait être garantie.  Sur ce point , la rue est intraitable .

L’heure est à l’aspiration démocratique et à la réforme profonde du système de gouvernance. La maturité des algériens au niveau politique est renvoyée par leur attachement aux valeurs de paix et au civisme démontrés tout au long de leur protestation.

Ils sont déjà dans cette projection d’un avenir sain et d’une république nouvelle . Ils ne peuvent être dominés ni dirigés par des restes constitutionnels brandis tel un texte sacré , fixant l’avenir à partir d’un passé dessiné par des mains ayant longtemps sévi contre l’intérêt du pays : celles d’un président qui a raté son histoire.

Wahib A

 

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