Industrie de montage automobile : Le Ministère de l’industrie a t il violé la loi?

Diabolisés et jetés en pâture par les pouvoirs publics , depuis la récente publication par le ministère de l industrie de la structure des prix relative aux véhicules assemblés en Algérie, les opérateurs activant dans ce nouveau segment se sentent piégés voire discrédités d emblee dès  leurs premiers élans. La démarche initiée contre toute attente par le ministère de l industrie soulève plus de questions qu elle n apporte de réponses.

La publication de la structure des prix des véhicules made in Algeria  livrée par les pouvoirs publics sans explicatifs ou autres précisions a provoqué une incompréhension générale et tend à prendre des proportions inattendues. Des prix publiés en vrac! Sans distinction entre le brut et le net , le marché s affole et débouche sur une vive campagne de boycott largement exprimée sur les réseaux sociaux.  La mobilisation inattendue des consommateurs qui en appellent au boycott des véhicules made in Algeria aura surpris tout le monde tant elle a pris des allures d une affaire qui s apparente à une démarche où l honneur est en question!

Des interrogations pourtant se posent sur les dessous de cet acte inédit signé par les pouvoirs publics qui tentent de jouer la transparence.  L arrière pensée d une telle manoeuvre laisse croire que le ministère de l industrie a outrepassé ses attributions en essayant de s ériger comme une hiérarchie qui ferait des opérateurs privés de simples subordonnés soumis à l obéissance sur ….les prix!!!

L’aveu d impuissance des pouvoirs publics exagérément concentrés sur l industrie automobile qui voit deux ministères, le commerce et  l industrie , entrer souvent en collision , est encore une fois affiché . Sinon comment expliquer que le ministère semble s en remettre aux consommateurs en essayant de se mettre à l abri de toutes critiques dans la gestion du dossier de l industrie automobile?

Par ailleurs , les pouvoirs publics ont ils le droit de divulguer des informations commerciales propres à des entités privées ? Ne s agit il pas ici d’une ingérence flagrante ? Un abus d autorité ? D autant que les prix de revient et les marges bénéficiaires s inscrivent au registre de la confidentialité propre à chaque entreprise. Publique ou privée.  Ce genre d informations au sens économique du terme ne peuvent relever du souci de transparence tel que le ministère voudrait le faire croire. Seules les sociétés cotées en bourse sont tenues par une obligation de transparence sur les informations stratégiques se rapportant à leur gestion.

Ce n’est guère le cas de ces nouveaux venus de l industrie automobile algérienne. Le ministère que dirige Youcef youssefi a t il voulu mettre tout ce monde devant le fait accompli? Une forme de pression qui ne dit pas son nom à travers une manoeuvre populiste pour tenter de réduire les prix des véhicules et amener ces opérateurs à revoir leurs marges à la baisse.

A ce niveau se pose aussi le principe de la liberté des prix et du libre jeu du marché loin de toute influence ou interventionnisme.  L automobile made in Algeria n étant  pas   un produit subventionné , les pouvoirs publics ne peuvent en aucun cas imposer un prix de vente ou se permettre d agir sur les marges bénéficiaires.  Les opérateurs ont cette liberté commerciale pour peu que soient respectées les normes d assemblages suivant la criteriologie souscrite . Seul sur cet aspect les pouvoirs publics ont toute latitude d opérer des contrôles notamment sur la rigueur à observer sur le nature et le nombre de pièces sensées être assemblées conformément au cahier des charges et des règles du CKD et SKD. Sinon le ministère n a aucun droit de regard sur la délimitation des marges bénéficiaires.

 L’autorité publique dispose par contre du pouvoir de contrôle sur l aspect qualitatif et sécuritaire des véhicules assemblés.  S ils ne sont pas habilités à fixer les prix, les pouvoirs publics sont par contre pleinement en droit de veiller à ce que les opérateurs de ce secteur s emploient à répercuter les avantages fiscaux dans leur structure des prix. Il s agit de veiller à écarter tout risque de détournement de ces avantages accordés en matière fiscale et douanière afin justement d assurer un aboutissement équilibré des prix des véhicules.

La mission semble appelée à s arrêter à ce niveau pour laisser l opérateur libre dans la  détermination de sa marge  bénéficiaire.  Et au marché ensuite de faire opposer l offre et la demande.

Karim A

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