Industrie automobile ou la panne sèche : le gouvernement trahit ses propres règles !

Incroyable panne d’idées et d’initiatives de la part d’un gouvernement qui actionne des leviers politiques pour étouffer des opérateurs qu’ il a lui même, aidés, favorisés et quelques fois créés.

Paniqués, les pouvoirs publics qui constatent la lourde facture d’importation des kits CKD et SKD destinés au montage véhicule local ayant dépassé les 3, 5 milliards de dollars en 2018 s’empressent à décider de plafonner désormais cette enveloppe à 2 milliards de dollars . Avec effet rétroactif.

La répartition sur les quatres opérateurs de la place, Sovac , KIA, Renault et Hyundai donne matière à suspicion.

Le français se taillant la part du lion avec 660 millions de dollars, suivi de Sovac pour les marques allemandes avec 600 millions de dollars et enfin , 380 millions de dollars et 360 respectivement pour KIA et Hyundai.

Sur quelle base et quels critères ont été décidées ces répartitions lesquelles favorisent curieusement la partie française ?

Le ministère de l’industrie , à court d’arguments économiques opte pour la facilité : couper les vivres à une industrie automobile naissante quand bien même les résultats de cette dernière seraient objet à controverse.

Au lieu de faire jouer les clauses contractuelles telles qu’ elles ressortent sur le cahier de charges où la progression des taux d’intégration et la politique des prix y sont portées au chapitre des obligations, le gouvernement derape et viole ses propres engagements .

N’aurait il pas été plus judicieux de passer à des audits objectifs et de raisonner au cas par cas avant de prendre de telles sanctions ?

Le ministère de l’industrie s’est laissé emporter dans des manoeuvres contraires à ses missions en s’attribuant de fausses prérogatives au nom desquelles il s’immisce dans la gestion interne de ces opérateurs privés .

Sinon comment interpréter l’incursion de cet organisme pour orienter la production et en fixer le menu ?

Insolite décision !

Justifiant sa maladresse, le gouvernement évoque l’impératif d’une gestion rigoureuse des réserves de change et va repercuter l’échec de sa propre  politique de départ sur des opérateurs à travers une sanction dure pour la suite de leurs investissements.

Désormais , ces assembleurs devront se limiter à quelques modèles et réduire ainsi leurs ambitions de diversification.

Sovac par exemple n’aura droit d’assembler que 4 modèles et sera tenu d’abandonner le montage des Tiguan ou la passat.  Même sanction pour la Audi. Elle ne sortira plus des usines algériennes.

La même politique est imposée pour les autres assembleurs , contraints à 3 ou 4 modèles.

Difficile d’en comprendre la logique ou l’assise économique qui dicte l’intrusion du ministère de l’industrie dans les objectifs propres à chaque opérateur.

D’autant que ces derniers sont tenus d’honorer des engagements bancaires qui se sont traduits par des crédits lourds ayant servi au lancement de ces affaires . Une obligation de rentabilité les contraindra forcément à revoir leurs effectifs et à réajuster leur politique des prix dans un sens qui sera opposé à celui attendu par les pouvoirs publics .

Curieuse démarche de la part d’un gouvernement supposé provisoire . Il donne l’impression de se projeter dans un esprit de continuité en prenant des décisions qui engagent l’avenir du pays .

Plus grave encore, C’est un autre message d’instabilité qu’ il renvoie aux partenaires de l’Algérie . Dans le cas des partenaires allemands engagés avec Sovac Algérie il est utile de rappeler que le coup risque d’être dur car il n’était nullement évident de réaliser la prouesse de convaincre des constructeurs de prestige tels Audi et VW à venir s’installer en Algérie .

Le coût politique de ce dérapage sera difficile à mesurer .

Wahib. A

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