Il a pris ses fonctions ce Jeudi: Quelles missions pour Ramtane Lamamra?

Sa mission ne sera guère de tout repos.

Le retour aux affaires de Ramtane Lamamra constitue une des grosses surprises de ce gouvernement. En 2019 , aux plus forts moments d’incertitude politique alors que le mouvement populaire criait sa colère contre le système et le 5eme mandat, Lamamra avait été appelé dans ce contexte tendu afin de tenter une sorte de médiation entre le peuple et le pouvoir de l’epoque, perdu dans sa panique.

Rien n’y fit. Lamamra mesurera alors l’etendue de la crise et finira par s’eclipser dans cet épais brouillard qui couvrait le pays.

Personne n’était en mesure de prévoir son retour. Ni d’ailleurs le départ , du moins dans ce nouveau contexte de celui qui a réussi à convaincre et à gagner une respectable cote de popularité, Sabri Boukadoum. Il a fourni de la fraicheur et de l’audace à une diplomatie plombée depuis des années par des bricolages sans fin.

Tranchant et traitant avec une aisance reconnue tous les dossiers dont il avait la charge , Boukadoum laisse une bonne impression auprès de beaucoup d’observateurs. Si son départ est intrigant, certains se disant au fait des secrets , suggèrent que c’est le désormais ex ministre des Affaires étrangères qui aurait lui même demandé à être déchargé de ses fonctions.

Ce qui attend Ramtane Lamamra.

La situation prévalant au Sahel, notamment ,ainsi que dans certains pays voisins et l’entêtement du Maroc qui continue à faire fi de la législation internationale, persistant dans sa thèse expansionniste en occupant illégalement les territoires du Sahara Occidental, sont autant d’éléments qui ont dû rappeler aux bons souvenirs,  l’un des ténors de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra pour qu’il  fasse son entrée dans le Gouvernement de Aymen benbderrahamne.

Lamamra, signe ainsi son retour à la tête du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger.

Son expertise  dans plusieurs dossiers, dont les conflits en Afrique, le désarmement, le terrorisme, le nucléaire, le système des Nations unies, la bonne gouvernance et évidemment la question sahraouie dont il était un observateur à Manhasset, le met dans de bonnes dispositions pour donner une visibilité à l’Algérie.

Diplômé de l’École nationale d’administration d’Alger, il commence sa carrière dans la diplomatie en 1976. Tout commença pour lui à l’École nationale d’administration (ENA), où il a été formé dans la section diplomatique. Une fois le diplôme en poche, le diplomate en herbe débarque au ministère des Affaires étrangères, où il occupe différents postes, notamment à la direction Afrique.

Sa carrière au MAE culminera par sa nomination comme secrétaire général en 2005. Mais auparavant, Ramtane Lamamra a roulé sa bosse comme ministre conseiller et ambassadeur dans plusieurs pays.

À commencer par son tout premier poste à Djibouti en 1989 et en Éthiopie.
Il sera aussi accrédité auprès de l’OUA et de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA).

Ramtane Lamamra, parfait polyglotte a également posé ses valises, en 1992, sur le vieux continent en exerçant notamment comme ambassadeur en Autriche et auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) auprès de l’Onudi.

Il franchira l’Atlantique pour hériter successivement des très courus postes d’ambassadeur à New York et Washington.
Deux postes aussi prestigieux que stratégiques dans la carrière d’un diplomate, puisque Ramtane Lamamra sera nommé ambassadeur d’Algérie à l’ONU entre 1993 et 1996, puis ambassadeur d’Algérie à Washington entre 1996 et 1999 sous la présidence de Liamine Zeroual.
Il est spécialiste de l’Afrique et a participé à plusieurs opérations de médiation, notamment dans la crise entre le Mali et le Burkina Faso en 1985 et dans le différend frontalier entre le Tchad et la Libye.
Il a aussi activement participé au règlement de beaucoup de conflits, comme celui du Liberia, en sa qualité d’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) entre 2003 et 2007. Preuve de son talent de médiateur, il a été nommé deux fois (2008 et 2013) commissaire pour la paix et la sécurité de l’Union africaine, son dernier poste avant d’être couronné ministre des Affaires étrangères.
Pour le diplomate, la boucle est bouclée. Ou presque. Retour à la « maison mère » en Algérie au début de 2000.

Pas pour longtemps, puisqu’il a repris son vol en Afrique pour aller éteindre le feu au Liberia en 2003 sous la casquette d’envoyé spécial de l’Union africaine. Il revient une nouvelle fois à la maison en 2004 pour servir d’ambassadeur conseiller au MAE.

La même année il est dépêché au Portugal en qualité d’ambassadeur avant de revenir une année après aux Affaires étrangères, cette fois dans le costume de secrétaire général.
Mais une fois de plus, l’appel de l’Afrique retentit. Ramtane Lamamra est couronné ambassadeur à disposition de commissaire Paix et Sécurité de l’Union africaine en 2008.

Une mission qu’il accomplira avec beaucoup d’engagement et de talent dans un continent miné par les conflits.

Y.O

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