Elle pourrait créer la surprise : La justice face à elle même !

La justice de l’après 22 février est face à une responsabilité historique.

Elle peut créer le miracle et démontrer son sursaut réel pour laisser libre cours au déroulement des enquêtes ouvertes actuellement et qui sont vraisemblablement en voie de produire la grande surprise .

La convocation de Said Bouteflika devrait être un aboutissement inéluctable des enquêtes en cours qui touchent ses amis les plus proches et qui devront s’expliquer sur l’origine et la nature de l’influence qui leur a permis de trôner sur les centres de décision.

Après l’annonce  officielle de Gaid Salah faisant état solennellement de garanties offertes à l’institution judiciaire pour la maintenir loin de toute pression ou contrainte , les magistrats ne pourront désormais plus faire valoir une quelconque entrave d’autant que la rue qui gronde demeure à l’affût de toute intervention suspecte .

Est ce le signal codé pour une suite incontournable ?

Outre Haddad , la puissance des kouninef qui dominent les marchés publics dans tous les secteurs et qui se nourrissent essentiellement de la commande publique où ils s’offrent la priorité sur des valeurs dépassant toutes les normes, dénote de l’existence évidente d’une main protectrice qui a le pouvoir absolu et qui dispose de cette aptitude à assurer pleinement sa bénédiction aux oligarques ciblés.

Un nom est appelé à être clairement mis sur celui qui a couvert, fabriqué et protégé ces puissants hommes d’affaires qui ont souvent orienté les lois de la république suivant le sens de leur business.

Ils sont réputés faiseurs de textes , faiseurs de rois , nommant des hauts fonctionnaires , des banquiers et même  des ministres au gré de leurs affaires.

Au sommet d’une impunité quasi chronique, ils pouvaient décrocher les plus gros marchés dans des conditions troublantes et dont la rédaction des appels d’offres semblait être judicieusement confectionnée pour eux, en exclusivité .

Au pire , ils prennent le marché et le revendent . Par le biais de la sous traitance qui permet le prélèvement de fortes commissions, ils deviennent des passages obligés pour tout contrat public à forts dividendes.

Aucune banque ne leur résiste également. Soutien financier sans conditions et crédits pas toujours assortis de garanties, ils décrochent des levées de fonds aux chiffres impressionnants.  Ça parle en équivalent de centaines de millions de dollars !

Souvent bien plus que le capital de ces mêmes banques qui les suivent à fonds perdus .

Situation qui peut expliquer en partie, l’assèchement des ressources au niveau des établissements bancaires publics vers la fin 2017. Les caisses étaient presque vides !

Ce qui explique aussi les refus opposés par les banquiers aux petits investisseurs qui demandaient dans les règles des crédits à leur projets .

Rappelons nous , il a fallu le recours à la planche à billets pour permettre d’innonder le marché et offrir aux amis oligarques le moyen de se faire payer et de continuer à prospérer.  Sur cet aspect justement Ahmed Ouyahia aura à répondre pour s’expliquer sur la destination de ces fonds et l’arrière pensée d’un tel recours .

On offrait à Kouninef aussi bien un groupe public à racheter, le crédit bancaire pour le faire et le marché pour évoluer . Un kit complet pour être sûr de gagner . Ce fût le cas pour le rachat du groupe public Sogedia .

Pour cette catégorie d’hommes d’affaires, l’Algérie était réduite à un immense hangar , un puits de ressource ouvert à volonté . Le fruit de leurs business insolent était surtout localisé hors frontières à travers de somptueuses propriétés immobilières et de précieuses affaires estimées à des centaines de millions d’euros .

L’enquête devra démontrer comment on peut être endetté en Algérie et disposer de fortunes à l’étranger . Il sera question de traquer les mécanismes qui ont transformé les crédits bancaires en fuite de capitaux en devises.

Car dans ces cas précis, aucune motivation économique ne peut justifier un quelconque prolongement d’activités de ces oligarques entre leurs affaires en Algérie et à l’étranger . Ils ne sont aucunement exportateurs et à ce titre rien ne justifie les transferts.

La loi sur les mouvements de capitaux est claire à ce sujet . Un operateur dont les activités nécessitent un prolongement prouvé sur l’étranger peut prétendre légalement à des autorisations de transferts de devises .

Même si dans la pratique le banque d’Algérie refuse ce genre de dérogations qu’ elle préfère réserver aux privilégiés du système .

Un travail de fourmis qui va nécessiter une expertise approfondie attend les enquêteurs de la gendarmerie nationale.

Au delà du mode opératoire qui a permis de telles dérives, il s’agit désormais de mettre les noms de ceux qui ont joué le rôle de chef d’orchestre.

Le chef d’etat major a évoqué l’existence d’une bande de malfrats . Il n’a pas donné de noms . La justice est invitée à le faire et surtout à réussir ce test de vérité.

Abdelkrim Alem

 

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