Deux ministres qui viennent de loin: Ie seul bon point du remaniement…

Ali Aoun, Lakhdar Rekhroukh, deux ministres qui arrivent pour la première fois au gouvernement et dont la promotion -après tant d’années de parcours professionnel- peut se révéler objectivement méritée.

Probablement, l’arrivée de ces deux hommes dans l’équipe gouvernementale constitue la seule et unique nouveauté qui puisse susciter satisfaction. Et il fallait bien qu’un jour ou l’autre, on puisse enfin reconnaître la compétence à sa juste valeur et lui ouvrir la voie à la tête de ces centres de décision ministériels.

Loin d’avoir volé leur nomination, Ali Aoun tout autant que Lakhdar Rekhroukh viennent prendre les rênes de secteurs dont ils connaissent les secrets et ce pour  y avoir , tous deux consacré l’essentiel de leur carrière .

Le BTPH pour Lakhdar Rekhroukh, pur enfant du groupe Cosider qu’il dirigea durant de longues années. L’industrie pharmaceutique pour Ali Aoun, ce manager qui a «fabriqué» un groupe pharmaceutique public d’envergure réelle, en imposant Saïdal comme référence dans son domaine.

Il n’avait pas souhaité devenir Ministre…

Lakhdar Rekhroukh, ce nouveau ministre des travaux publics, de l’hydraulique et des infrastructures de base,  n’était pas facile à convaincre.

Sous l’ancien système où il réussit à maintenir les équilibres entre les injonctions de l’équipe de Saïd Bouteflika et pressions indirectes de Haddad patron de l’ETRHB,  boîte concurrente de Cosider, Rekhroukh décline les offres . Il refuse le poste de ministre par deux fois. Préfèrant poursuivre son oeuvre avec Cosider, ce groupe, fort de plus de 40.000 travailleurs et de plusieurs filiales, qui parvient à arracher une place en or.

Il est troisième en Afrique en terme de chiffres d’affaires avec ses deux milliards de dollars en 2019, et deuxième en matière de résultats.

Rekhroukh qui a «résisté» à toutes les offres y compris sous Bedoui en plein Hirak , a cédé face à l’offre de Tebboune .

Occupant également la mission de président du patronat des gestionnaires publics,  UNEP ( union nationale des entrepreneurs publics ),  il aura à connaître sa part de tentatives de déstabilisation tout au long de l’année 2021.

Le chef de l’État le récompense avec une médaille de l’ordre du mérite national «Athir» le 04 décembre de la même année. Une reconnaissance pour un long parcours qui a eu le mérite de mettre fin à toutes ces rumeurs tapageuses.

Il faut néanmoins rappeler que Cosider a pu s’inscrire à l’international , notamment en Afrique où des marchés ont été remportés dans un contexte de féroce concurrence.

Il redonne vie à Saïdal et met la sienne en danger…

Quant à Ali Aoun, cet homme qui revient de loin et qui a mené à l’époque le groupe Saïdal encore plus loin dans son parcours de luttes et de réussites.

Luttes contre les lobbies et labos pharmaceutiques qui mettaient le paquet pour étouffer toutes tentatives de l’Algérie à s’offrir une industrie capable de produire des médicaments.

Le nom de Ali Aoun est étroitement lié à Saïdal, ses succès et sa place sur le continent. Mais pas seulement. Puisque ce groupe signifie aussi des mésaventures tout autant politiques que mafieuses .

Ali Aoun , ce diplômé universitaire en chimie industrielle , après une post graduation en Belgique occupe un poste central au ministère de l’industrie dans les débuts des années 90.

En 1995, l’Algérie connait le summum des actes terroristes. Ali Aoun est convoqué en hauts lieux où on lui ordonna de «liquider» Saïdal, cette entreprise déficitaire qui peine  à payer ses 2500 travailleurs . 6 mois sans salaires. Il faudra vite«la fermer» . L’ordre est donné.

C’est donc en qualité de « liquidateur» que Aoun arrive à Saïdal . Au bout de 6 mois de gestion, il ose le challenge en violant les instructions des grands chefs et s’en va renverser la donne. Il parviendra à redresser la barre avec des…bénéfices de 90 millions de DA .

Il vient de donner la preuve de la viabilité du groupe que l’on voulait abattre et s’en va même jusqu’à s’engager personnellement à ressusciter Saïdal en misant sur la production et les partenariats.

L’homme qui a osé barrer la route aux multinationales et autres intérêts occultes fera l’objet d’une tentative d’assassinat alors qu’il se rendait à l’unité des antibiotiques de Médéa, une ville hyper dangereuse à cette époque.

Blessé . Mais jamais intimidé il n’ecoutera pas les obscurs conseils , des menaces déguisées pour qu’il se retire de Saïdal.

L’aventure continue jusqu’en 2008, en passant par de véritables bras de fer contre la mafia de l’insuline et des produits destinés aux diabétiques , véritable gisement en or, pour ces puissants acteurs du marché.

Le patron de Saïdal évolue dans un contexte hostile et prend le risque de lutter contre la domination flagrante des importateurs de médicaments. Il devient l’ennemi à abattre.

Un traquenard judiciaire l’envoie devant les tribunaux pour une obscure machination liée à un véhicule offert par Abdelmoumen Khalifa à Saïdal , et inscrit au nom de Aoun à l’insu de ce dernier.

Il échappe de peu à la prison.

Ali Aoun c’est aussi celui qui a convaincu le géant américain du médicament Pfizer ( 2 ème au Monde) à nouer un partenariat dans la production au milieu des années de terrorisme…il obtient l’accord en 1997.

La société PSM( Pfizer Saïdal Manufactoring) entre en production en 2003. Par ailleurs, il s’engage dans le segment de l’insuline et surtout parvient à produire le fameux Tamiflu en pleine crise d’épidémie de grippe aviaire. Saidal touchera même aux traitements contre le Sida…

Ali Aoun sera éjecté. Malmené, il se retrouvera par la suite chez Issad Rebrab qui lui confie un poste dans son cabinet.

Durant des années, il se verra privé de sa pension de retraite.

Tebboune le rappelle en mars 2022 pour lui confier l’épineuse pharmacie centrale des hôpitaux , « une étape de préparation pour d’autres missions», lui est-il promis.

Aujourd’hui, la réhabilitation de ce monsieur est pleine . Son expérience dans l’industrie pharmaceutique soumise à une gestion chaotique et des manœuvres suicidaires qui se traduisent souvent par des pénuries et ruptures dangereuses, est hautement utile pour la santé des algériens.

Un nouveau défi attend ce manager.

R.A

 

 

 

 

 

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