Désobéissance civile ou mise à mort d’un sursaut populaire: Suspicions dans l’air

C’est la division parfaitement orchestrée  du  mouvement de contestation anti 5 ème mandat qui semble s’enclencher . Le choix du timing pour une telle action non reflechie et curiseusement improvisée sans concertation pose quelques éléments de suspicion légitime.

L’appel à la désobéissance civile , ne fait pas l’unanimité  au sein des manifestants  dont beaucoup  y ont vu une tentative de déstabilisation de ce vaste élan solidaire contre le pouvoir en place . La suspicion vient de gagner les rangs , désormais soumis au danger de la division tant espérée par les autorités . Ce dimanche matin , le choc et la colère ! Les Algériens découvrent des commerces fermés  parfois des villes mortes , transports absents , une grève sans auteurs précis , même Si elle n’est pas totalement suivie  elle renseigne sur le danger qu’ elle véhicule et qui risque de mener à la mise à mort d’un formidable elan populaire . Beaucoup de citoyens n’étaient ni prêts ni préparés .

Qui est à l’origine de cet appel à la désobéissance civile ? Aucun algérien n’est capable de fournir la  moindre réponse . À la différence de la naissance du mouvement de protestation enclenché le 22 février après large diffusion de messages de mobilisation via les réseaux sociaux où le trait d’union et le fil conducteur s’avéraient  nobles et objectifs, solidairement adoptés , d’autant qu’ ils  insistaient sur le caractère pacifique, cette mysterieuse intrusion qui recommande la désobéissance civile vient par contre chambouler tous les espoirs d’une démarche saine et sereine .

L’action de déstabilisation a commencé pour finir par atomiser ce large processus qui a fait douter le régime . Il est vrai que la protestation populaire telle qu’ elle évolue actuellement présente malgré tout une vulnérabilité de taille tant qu’ elle reste non encadrée ou du moins non adossée à un accompagnement clair et identifié.  Sans l’appui de guides pouvant faire l’unanimité, toutes les brèches seront permises aux esprits manipulateurs dont les desseins seront orientés soit par cette tendance à tirer profit de la situation pour régler des comptes ou encore pour demeurer au service d’un pouvoir prêt à rétribuer ses serviteurs . Et au prix fort . Désormais les rangs se dispersent , les décisions se perdent au milieu de cette volonté de changement jusqu’ ici pacifiquement conduite et unie autour d’un seul mot d’ordre fédérateur par l’évidence  et de son essence .

Des questions se posent donc de connaître l’identité et les desseins de ceux qui manifestent leur inaptitude à faire la part des choses . Recommander une action de désobéissance civile suggère une maîtrise de données aux conséquences pouvant être dévastatrices aussi bien pour le mouvement populaire que pour ses principes adoptés . Or, jusqu’ ici et de l’avis de tous les experts , la protestation anti 5 ème mandat du moins dans cette dimension a totalement échappé aux prévisions des services de sécurité , tous corps confondus .  Enclencher un mouvement de désobéissance civile , dans les conditions actuelles , sans identifiants ,ni conduite , sans responsabilisation affichée, et sur un air fantomatique ne peut susciter l’adhésion des vrais Algériens . La transparence devra être de mise . Cet appel est prématuré . Non identifié et dangereux . Il est à la limite, au service du pouvoir . Aucun débat sérieux n’a été entrepris autour d’une telle action dont beaucoup semblent ignorer la signification . Pour l’heure elle constitue le meilleur moyen pour abattre le mouvement de protestation . Ni plus ni moins . Le pouvoir qui n’affiche aucune tendance positive pour répondre à la population est en posture d’attente . La moindre erreur de la part des acteurs du mouvement sera exploitée pour justifier une démarche qui garantirait un gain de temps au bénéfice des acteurs du système.

ABN