Crise politique: la solution constitutionnelle existe encore!

Par : Dr Rafik ALLOUI

La Solution constitutionnelle existe encore!

La déclaration du 1er novembre 1954 sous forme d’appel au peuple Algérien a été proclamée par un groupe de jeunes révolutionnaires annonçant la naissance de l’armée de libération nationale pour le déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme, déclaration à laquelle tout le peuple a adhéré et ce, autour de trois objectifs : l’Indépendance de notre pays, l’instauration d’une Algérie démocratique et sociale et la consécration de l’unité du grand Maghreb.

Un seul objectif et pas des moindres a été atteint en l’occurrence l’indépendance nationale, quant aux deux autres il convient de dire que malgré quelques initiatives, les résultats sont au-deçà de l’attente populaire.

64 ans plus tard, une autre déclaration sous forme d’appel à l’armée populaire nationale a été proclamée cette fois -ci par le peuple Algérien le 22 févier 2019,lors de sa sortie dans toutes les rues et ruelles de l’Algérie, déclaration à laquelle il fait appel à l’armée populaire nationale d’adhérer autour de trois objectifs : le refus du cinquième mandat de Mr Bouteflika, le départ de tout le système et l’instauration d’une Algérie libre et démocratique.

Comme pour la première déclaration, seul un objectif a été atteint : le départ de Bouteflika conformément à l’article 102, quant aux deux autres il n’en est rien malgré l’appel de l’armée pour l’application de l’article7 et 8 de la constitution qui consacre la souveraineté du peuple.

L’application des clauses de la constitution disposant que la souveraineté appartient exclusivement au peuple (articles 7 et 8 notamment), avait laissé entrevoir l’espoir d’une prise en compte de l’avis des 22 millions de manifestants avec la mise en place d’une instance présidentielle composée de figures consensuelles et crédibles.

Malheureusement,ceux qui ont tenté de faire dire à l’article 102 autre chose que ce qui est stipulé dans sa lettre, ont dû se tromper ; Abdelkader Bensalah est le nouveau chef de l’État pour les trois prochains mois, Noureddine Bedoui, le fidèle ministre de l’Intérieur de Bouteflika,et détenteur des ficelles de fraudes dirigera le gouvernement pendant la même période et Tayeb Belaïz est celui qui aura le dernier mot dans toutes les étapes du processus électoral à venir.

Il est évident que ce fait accompli n’aurait pas pu se produire sans l’aval du commandement de l’Armée Nationale Populaire. Pour une institution qui a tant insisté sur la légalité et le respect du cadre constitutionnel, il sera maintenant difficile, quand bien même elle en aurait la disposition et la volonté, de plaider autre chose que le processus enclenché au Palais des nations.

En plus, aucun texte, ne prévoit la démission du nouveau chef de l’état, encore moins sa destitution. Dans le communiqué du 10 avril 2019, Ahmed Gaïd Salah chef d’état-major de l’armée avait appelé clairement à l’application de l’article 102 de la constitution, mais après le pas franchi ce mardi, il devient certain qu’il n’entendait pas la remise immédiate de la transition à des instances issues acceptées par le peuple.

Ce recul constaté de l’armée à imposer l’application des articles 7 et 8 de la constitution est dicté par la volonté de ne pas donner l’occasion aux ennemis de l’Algérie dites historiques à interpréter ce fait comme un coup d’état militaire qui pourrait imposer des sanctions contre notre pays ;qu’il faut reconnaitre très difficile à supporter.

Ce vendredi et ceux qui suivront les Algériens sortiront encore certainement par millions exiger une vraie transition. Le chef de l’armée peut toujours citer les appréhensions avec un discours franc et surtout des garanties solides comme celle du 10 avril 2019.

Il le fera certainement, mais il est clair que la déclaration du 22 février 2019 est venue cette fois-ci compléter celle du 1er novembre : le départ d’un système qui n’a pas pu atteindre les deux autres objectifs pour lesquels un million et demi de martyrs sont morts et l’instauration d’une Algérie libre et démocratique.

Il est d’autant plus clair qu’il est à craindre que si l’appel du peuple dans sa globalité : tous ou rien. « Rouhougaa» n’est pas entendu, la crise, la vraie, qui a atteint l’étape sept comme soulignée dans mes précédents articles ne fait que commencer.

Si l’attitude de l’armée de rester dans la légalité est compréhensible pour éviter toutes manœuvres de déstabilisations tant souhaitée par les ennemis de l’Algérie,il n’en demeure pas moins qu’il existe une issue constitutionnelle à la crise, si notre armée nationale populaire le propose : l’application de l’article 211 de la constitution qui stipule « Les trois-quarts (3/4) des membres des deux chambres du Parlement réunis ensemble, peuvent proposer une révision constitutionnelle et la présenter au Président de la République qui peut la soumettre à référendum. ».

Le président de la république n’étant plus par l’application de l’article 102, le nouveau chef d’état vient de convoquer le corps électorale pour une élection présidentielle le 4 juillet 2019. Cette élection qui va s’organiser dans la précipitation, et qui va certainement à l’encontre de la volonté du peuple, peut être utilisée sous forme de référendum pour valider une révision constitutionnelle par le peuple,afin d’imposer des instances de transitions limitée dans le temps et avec pleins pouvoirs de mettre en place des mécanismes de transitions acceptés par le peuple.

Il va sans dire, que si le peuple a répondu présent à l’appel de notre Glorieuse Armée de Libération pour libérer notre pays du colonialisme il est du devoir historique pour notre armée nationale populaire de répondre à l’appel de ce même peuple pour l’aider à se libérer d’un système qui a été l’entrave principale aux objectifs pour lesquels un million et demi de martyrs et plein de sacrifices ont été consentis par ce peuple.

Dr Rafik ALLOUI

 

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