Au nom de la loi, le pays était livré à la magouille !

La chronique politico-judiciaire s’emballe et livre un message fort à la veille d’un 17 ème vendredi de manifestation . Désormais, nul n’est au dessus des lois , telle semble être la nouveauté de fond qui se dégage de ces décisions de justice qui sont en train de présenter un lourd » butin » .
La justice a pris le relais dans ce bouillonnement politique , encouragée par des discours du commandement de l’armée , l’appelant à se libérer et à oser le bon jugement , sans contrainte ni pression.
Elle est en première ligne en ces moments de doutes ravageurs et s’en va offrir une audace inattendue pour interpeller et juger de puissants intouchables de la république , tombés , au gré de la révolte populaire au plus bas niveau des justiciables .
Les puissants d’hier deviennent les plus vulnérables aujourd’hui.
La justice ne ratant point les cris de la rue et les noms des personnalités dont les têtes sont réclamées , son rôle devenait incontournable et son action plus que jamais interpelée afin de servir de solution intermédiaire, du moins dans le but de contenir une colère populaire en quête de substance et de preuves , à défaut de répondre à ses revendications politiques.
L’énorme étendue des dégâts économiques et des malversations ayant sévi depuis des années a été clairement soulignée par le chef d’état major de l’armée qui s’est dit effaré par les chiffres du désastre .
Une délinquance qui operait sous couverture , voire protection des politiques et de la bienveillance des lois de la république .
Ces mêmes lois avaient été initiées , validées, discutées et officiellement promulguées.
Presque dans la » transparence » puisqu’ elles ont respecté les formes légales en arpentant des circuits classiques reconnues . N’est ce pas que les deux chambres du parlement ainsi que les conseils ministériels de la république avaient bel et bien examiné tous ces dispositifs qui ont au final permis de produire tant de gabegie ?
Dans cette dilapidation de fonds publics, il n y a pas eu violation des lois à proprement parler. Il y a eu plutôt complicité des textes.
On a saigné le pays au nom de la loi et l’architecture juridique mise en place aura permis la naissance des privilégiés embusqués dans les circuits du systeme .
L’enrichissement et le positionnement monopolistique sur des segments sensibles offerts à des hommes d’affaires sélectionnés en fonction de leur proximité auront été les produits attendus de cette stratégie qui passait par la distribution de la rente et le partage des pouvoirs entre les détenteurs de la décision politique et les détenteurs de fonds.
Aussi bien Ahmed Ouyahia que Abdelmalek Sellal, les deux anciens premiers ministres , au service du régime ont tout le temps crié haut et fort qu’ ils ne faisaient » qu’ appliquer scrupuleusement le programme de son excellence le président de la république Abdelaziz Bouteflika » .
Ils ont respecté scrupuleusement son programme et ont officiellement soutenu qu’ ils agissaient en son nom .
D’ailleurs ils n’ont jamais raté l’occasion de vanter » la sagesse , le génie et la vision » de leur chef , le président Bouteflika.
Aujourd’hui, les deux hommes incarcérés représentent concrètement le procès d’un système , d’un règne qui a produit l’actuel désastre.
Seront ils amenés à provoquer un cheminement inattendu et néanmoins presque incontournable qui pourrait , à la faveur des suites des enquêtes, déboucher sur des surprises encore plus lourdes ?
Wahib A