Algérie-Espagne: Questionnements autour d’une crise qui s’aggrave

Le revirement « scandaleux » de l’Espagne vis-à-vis de la question sahraouie, soutenant ouvertement la thèse marocaine, a donné lieu à une crise diplomatique sans précédent entre l’Algérie et le royaume ibérique, pourtant excellentes jusque-là. 

En effet, entre les deux pays, rien ne va plus. Se disant très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, également « surprises » par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé en date du 19 mars2022, le rappel de leur ambassadeur à Madrid.

Le retour du diplomate algérien en poste à Madrid est d’ailleurs conditionné par des «clarifications préalables et franches pour reconstruire une confiance sérieusement abîmée sur la base de principes clairs, prévisibles et conformes au droit international », de la part des Espagnols.

Ceux qui spéculent naïvement sur «une colère passagère de l’Algérie, ils ne sont pas en phase avec la réalité», comme réaffirmé par l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Amar Belani.

« L’Espagne ne doit pas oublier que sa responsabilité est toujours engagée au Sahara occidental, du fait de son statut de puissance administrante du territoire aux yeux du droit international, et ce, tant qu’une solution, quelle que soit sa nature, n’a pas été trouvée, […] Elle n’a pas le droit d’offrir un pays colonisé à un autre pays, […] Le gouvernement espagnol n’a pas écouté les opinions des autres à propos de la question sahraouie » a également déclaré samedi dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune lors de sa rencontre périodique avec des médias nationaux.

C’est dire que l’Algérie, campe sur ses positions. Seule une « repentance » du Gouvernement espagnol pourrait dégeler les relations entre les deux pays.

Sauf que les Espagnols persistent dans leur démarche au point où le chef de la diplomatie espagnole affirme lundi 25 avril, ne pas vouloir «alimenter des polémiques stériles « avec l’Algérie après la condamnation par le président Abdelmadjid Tebboune du revirement espagnol en faveur du plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental.

« L’Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n’y a rien d’autre à ajouter », a déclaré José Manuel Albares sur la radio Onda Cero.

Ce dernier est vite rappelé à l’ordre par l’un des chevronnés de la diplomatie algérienne, Amar Belani.
« Ces propos désobligeants, offensants et inacceptables […] ne contribueront certainement pas à un retour rapide à la normale dans les relations bilatérales «, a en effet répliqué l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental au ministère des Affaires étrangères.

Qu’en est-il des livraisons du gaz naturel algérien au royaume ibérique ? La carte énergétique est loin d’être brandie, du moins pour le moment.

« L’Algérie ne renoncera pas à son engagement d’approvisionner l’Espagne en gaz, quelles que soient les circonstances », assurait à ce propos le président Tebboune.
L’Espagne est, faudrait-il le souligner, très dépendante de l’Algérie pour ses approvisionnements en gaz.

Même si les « robinets » ne seront pas fermés, un « recalcul » des prix avec le client espagnol est évoqué avec instance ces derniers temps.

Non seulement. Toujours sur le plan économique, l’Espagne est perdante sur toute la ligne.
Evoquant « une situation compliquée », dans le secteur de la viande rouge en Espagne, dont l’Algérie est le premier importateur, le directeur des professionnels espagnols du secteur de la production de viande rouge, Javier Lopez, parle de 5 millions d’euros de pertes enregistrées chaque mois uniquement pour le secteur.

« Ces pertes sont liées au renoncement de l’Algérie au marché espagnol de la viande bovine, en raison du changement de position de notre pays vis-à-vis du Sahara Occidental », a-t-il expliqué sur les médias espagnols.

Y.O