Affaire du juge Saadeddine Marzouk: l’indignation…

La décision du CSM a suscité l’indignation des magistrats .

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui a décidé, à l’issue de sa session tenue Avant-hier, la radiation du juge Saâdeddine Merzoug du corps de la magistrature, a fait réagir nombre de magistrats.

« C’est la peine capitale décidée malgré les vices de forme et de fond soulevés par la défense », se sont-t-ils indignés.
« Alors que la procédure légale prévoit que cela devait se faire au début de l’audience, après avis des parties. Nous avons aussi mis en avant des vices de forme liés à la composition du Conseil supérieur, dont le mandat de 8 membres élus a expiré», signale Me Mellah, membre du collectif de défense du magistrat, dans une déclaration à nos confrères d’El Watan.

Saâdeddine Merzoug a comparu devant le CSM dans trois affaires liées à ses écrits et ses déclarations publiques.
«On est allé au fond des choses en répondant aux accusations. Le débat a été houleux», relève l’avocat.

L’audition du magistrat, qui a débuté à 11h, s’est poursuivie jusqu’en début de soirée. Les avocats du magistrat ont décidé de se pourvoir en cassation «dès que l’on aura la décision», ajoute-t-il.

Poursuivi précédemment pour «entrave à l’action judiciaire», «incitation à la grève» et «violation de l’obligation de réserve», le juge Merzoug a été suspendu pour une durée de six mois dans une première affaire, relaxé dans une deuxième, tandis que l’examen de la troisième a été reporté.

Le lancement du Club des magistrats libres, non agréé en 2016, a valu au jeune magistrat d’être harcelé à l’époque de l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, actuellement incarcéré à la prison d’El Harrach pour corruption.

Il a été déféré devant le conseil de discipline pour ses activités au sein du jeune Club, les détracteurs du magistrat craignant que la nouvelle entité ne constitue un «concurrent» au Syndicat national des magistrats (SNM), dont l’ex-ministre Tayeb Louh était président durant de longues années avant d’être nommé au poste de garde des Sceaux.

Les déboires du magistrat ne se sont toutefois pas arrêtés là : Il a été suspendu de ses fonctions en raison de son engagement dans le mouvement populaire du Hirak et son refus d’encadrer l’élection présidentielle du 12 décembre 2019.

Il a fait irruption sur la scène médiatique par ses positions courageuses et tranchées, y compris sur le Hirak populaire. Sa liberté de ton et sa présence constante sur la scène avec de nombreuses contributions dans les médias et ses posts sur les réseaux sociaux, par rapport à tout ce qui touche à la justice, lui ont valu une inimitié sans égale.

Il s’est distingué notamment par ses vives critiques adressées au ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, d’abord à l’occasion de l’adoption de l’amendement du code pénal, et, ensuite, du renouvellement partiel du CSM qui a été boycotté par le Club des magistrats.

Il s’est illustré en outre, par sa critique clairement assumée du projet de révision de la Constitution dans son volet lié à la justice, plaidant pour l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis de l’Exécutif.

A.Ben Ali

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